Le lundi, tu es chafouine. Une véritable boule de nerfs qui hurle "Unter Der Asche" dans mes oreilles lorsque je te demande où tu as laissé trainer les clés de la Mercedes. Tu bouges en tous sens, te secoues le cuir chevelu comme une forcenée, à la limite de l'hystérie. Ta voix gutturale effraie le voisinage. L'énergie qui brûle en toi s'évacue par tous les pores, comme une thérapie de l'esprit par le corps. Tu es noirceur et agressivité. Cette partie de toi, fort heureusement, ne dure pas.

Le mardi, tu es douce comme une mélodie au piano. Une attitude paradoxale, mais que tu considères comme complémentaire à celle de la veille. Tu es bucolique, mélancolique. Tu apportes une petite touche de légèreté à chacune de tes actions, et me susurre "Wir Sind In Paradies", "Die Sohne Scheint" alors que nous alors que nous profitons ensemble d'une promenade "Nach Der Ebbe". Tu es l'émotion brute et à fleur de peau, la ballade dans l'album de heavy metal, la lumière au bout tunnel. Un état lui-aussi passager.

Le mercredi, tu es colère. Tes instincts belliqueux reprennent le dessus. Tu as envie d'en découdre, de dégueuler à la face du monde ta haine et ton dégoût. Tu beugles "Es Wird Schlimmer" à m'en faire des acouphènes lorsqu'un malheureux tente de parler politique avec toi. Tu cries à l'injustice, dénonces les travers de la société, tu es convaincue et bien décidée à ne pas te laisser marcher sur les pieds. Tes convictions sont comme le metal : figées dans le marbre, et ne mourront jamais. Le mercredi, tu es fascinante, et non plus effrayante.

Le jeudi, tu es "working-girl". Rien ne dépasse, tu fais de l'efficacité ton maître-mot. L'esprit de "Revolution" qui t'habite laisse la place à l'"Adrenalin" du quotidien. 15 ans que cela dure, que tu mènes ta barque. Celle-ci tangue parfois, mais ne chavire jamais. Tu as certes revu tes prétentions à la baisse, et tes velléités de jouir d'un succès international se sont estompées avec le temps. Mais tu restes fidèle à tes objectifs, et forces le respect et l'admiration.

Le vendredi, tu es guillerette et d'humeur dansante. Un son de biniou, et te voilà aux anges. "We Will Never Die", me lances-tu avec un large sourire alors que nous nous déhanchons avec bonheur à l'écoute des mélodies fédératrices et euphorisantes de quelque chant de marins. Puis nous réalisons avec enthousiasme et difficultés la chorégraphie de la Macarena, ou de la "Reitermania", je ne sais plus. Le vendredi, tu es le petit grain de folie, l'espièglerie, l'humour, le pois sauteur. Le vendredi, nous chevauchons l'orage comme deux débutants à l'enthousiasme intact.

Le samedi, tu es d'humeur changeante. Tu peux te faire compréhensive ("Friede Sei Mit Dir", me lances-tu le sourire en coin lorsque je m'absente), coquine ("Komm", me glisses-tu tendrement lorsque tu souhaites que je te rejoigne au lit). La fin de semaine est bien plus calme, comme si tu étais enfin accomplie, parvenue à concilier chacun des sentiments t'ayant parcouru durant l'ensemble de la semaine.

Le dimanche, je fais le bilan. Je te « compile » et ne garde que l'essentiel. Le dimanche, je te représente forcément sous ton meilleur jour, mais ma vision n'est pas tronquée, car je te connais depuis longtemps, dans tes forces et dans tes faiblesses. Le dimanche, tu es complète. Le dimanche, je t'aime.