Le Big Four du Rock’N Roll français agonise. Johnny Hallyday a force de régresser pour retrouver ses racines perdues va retourner au twist !!! Jesse Garon préfère désormais œuvrer dans la peinture où il a plus de talent, convenons-en !!! Dick Rivers(*) quant à lui se rend compte aujourd’hui que le patronyme qu’il s’était choisi est vraiment con et par voie de conséquence préfère raser les murs (alors que mine de rien le personnage est une mémoire du rock et malgré son look ringos, un vrai bon gars). Seul notre Schmoll est encore dignement debout. Il clôturera cependant sa dernière tournée, intitulée "Ma Dernière Séance" à l’Olympia les 3, 4 et 5 septembre prochains à l’Olympia. De trois ans son cadet, l’angliche Lemmy Kilmister n’a toujours pas planifié son départ à la retraite. Les mauvaises langues trouveront toujours à redire mais l’ancien ne montre toujours pas de faiblesse. Que ce soit sous l’étendard MOTÖRHEAD ou celui des HEADCAT, le groupe de Country/Rockab, monté pour le plaisir et qui en est aujourd’hui à son deuxième album.

Initialement réuni pour l’album "Swing Cats, A Special Tribute to Elvis" en 2000, le groupe se croise à nouveau, plus tard et tape le bœuf avec le leader de MOTÖRHEAD. Celui-ci tient la guitare, fait assez rare pour être noté et enchaîne les standards de JOHNNY CASH, EDDY COCHRAN ou encore (et toujours !!!) BUDDY HOLLY. Projet de passionnés uniquement pour le divertissement, ce HEADCAT rassemble outre Saint Lem, Slim Jim Phantom alias James McDonnell, batteur émérite des STRAY CAT (d’où le nom HeadCat !!) ainsi que Danny B. Harvey, activiste de l’underground rockab s’étant illustré chez les LONESOME SPURS et THE ROCKATS. Le premier jet du trio datant de 2000 sous le nom LEMMY, SLIM JIM & DANNY B, il fait son retour en 2006 sous l'appellation THE HEADCAT, recyclant largement les reprises du premier disque qui faisait la part belle au répertoire de BUDDY HOLLY, surreprésenté. Aujourd’hui, les HEADCAT récidivent dans l’hommage des vieilles gloires du Rock’N Roll passé, agrémentant (alléluia !!) la galette de deux compos originales. Lemmy retourne à sa basse et propose comme troisième offrande "Walk The Walk… Talk The Talk". La production est assurée par Cameron Webb, le producteur chouchou de MOTÖRHEAD depuis l’album "Inferno" (2004). Que les puristes du rock-à-papa se rassurent, le bonhomme n’emmène avec lui que la pertinence du son contemporain, ne dénaturant en rien la simplicité du projet par des effets de surenchère.

Les deux compos originales se situent sur la première et la huitième piste de l’album. Ainsi donc, "American Beat" ouvre le disque sur un rythme de rock’n roll endiablé et malgré un changement de registre évident, la voix de Lemmy y est reconnaissable. "The Eagles Flies On Friday" possède quant à lui toute les qualités du standard vintage. Ces deux titres s’imbriquant parfaitement à l’ensemble de ce court album de presque 28 minutes.
Le public resté vierge de cette carrière parallèle du Grand Lem subiront "l’effet de surprise". Surtout avec les mielleuses ballades rétros "I Ain’t Never" et "Tryin’ To Get To You". Figure également un "Shakin’All Over", reprise des Britanniques JOHNNY KID AND THE PIRATES, qui aurait pu figurer sur la bande originale du film de Robert Rodriguez "Une Nuit En Enfer" (1996). Les HEADCAT reprennent également un titre de notre JOHNNY HALLYDAY national (**) rebaptisé en anglais "Something Else", n’étant rien d’autre que le fantastique "Elle Est Terrible", passé depuis à la postérité. Au registre des curiosités, une reprise des BEATLES, "You Can’t Do That", certainement un petit clin d’œil aux racines anglaises de Lem, surtout que celui-ci n’a jamais caché son admiration pour les Fab Four. L’album se clôt avec une reprise de ROBERT JOHNSON, premier guitariste de blues à avoir, selon la légende, vendu son âme au diable. Le standard ici présent ressemblant beaucoup à la reprise déjà effectuée par CREAM que celle de JEFF HEALEY ou CALVIN RUSSELL lorgnant sur le blues.

Pour tenter d’être le plus impartial possible, l’album est bon. Dire qu’il est frais serait de la moquerie. Le concept ne rameutera que peu de monde et surtout, nous sommes loin du Hard Rock…


Note : 3,5/5.


(*) Comme souvent, il m’arrive d’avoir tort, DICK RIVERS revient actuellement avec un nouvel album enregistré à Londres nommé "L’Homme Sans Age". Bonne nouvelle pour les fans puisque Dick prévoit un tour de chant pour accompagner cette sortie.

(**) Attention intox, l’originale fut écrite par Sharon Sheeley et Bob Cochran et interprétée par EDDY COCHRAN en 1959.