AVA INFERI est un combo portugais qui n'avait jusqu'alors pas franchement soulevé les foules. On tient ici entre nos oreilles le quatrième effort du groupe depuis sa création en 2005 sous l’impulsion de Rune Eriksen (aka Blasphemer de MAYHEM) et de la chanteuse portugaise Carmen Simones.
En 5 années et ce depuis 2006 donc, le groupe en est déjà à compléter une discographie studio pas ridicule. A croire que délaisser le Black Metal nécessite de beaucoup produire pour Eriksen.

Les deux dernières livraisons ("The Silhouette" en 2007 et "Blodd Of Bacchus" en 2009) avaient simplement laissé apparaître des qualités de compositions loin de transcender les foules.
Étions nous en droit d'attendre quelque chose de ce "Onyx" ?
Un artwork sombre et lugubre qui ne peut laisser indifférent le fan absolu de la saga "Silent Hill" (qui n'a pas comparé la silhouette à celle du terrible Pyramid-Head à la première découverte de l'artwork ?) et ses teintes marrons dépeignent un tableau froid et oppressant.

L'esprit du groupe n'a finalement que peu évolué. Carmen et son chant lyrique sont mis en avant avec force et conviction. Il faut bien reconnaître que la logique de ce choix est indiscutable : la demoiselle possède un timbre de voix caractéristique et très bien valorisé, venant se placer en adéquation quasi parfaite sur des riffs doomesques de guitares du sieur Eriksen.
Soyons clairs : on ne transcende en rien les codes du genre et AVA INFERI, pour certains, pourra être taxé de ne pas faire bouger beaucoup les choses, et ce, à juste titre.
Mais la force du groupe réside bel et bien dans cette volonté farouche de valoriser un aspect beaucoup plus Doom que par le passé. D'un "The Living End" (et son intro épique) jusqu'à "Venice In Fog", la lourdeur et la lenteur de la mesure n'ont de cesse de se manifester.
La présence aux "chœurs" de Eriksen sur un "The Living End" renforce le côté lyrique et gothique de la production. Caverneux, sombre et enveloppant que cette voie qui se marie parfaitement avec celle de Simones pour un morceau de près de 7 minutes qui frappe par sa beauté nonchalante et son romantisme dans l'interprétation. "The Heathen Island" et ses sonorités de guitare si cristallines qui sont un énième exemple des voyage entrepris en fermant les yeux à l'écoute de "Onyx".

Onirique sur 6 des 7 titres avant la superbe "By Candelight & Mirrors" qui retourne vers un aspect beaucoup plus gothique. Mon morceau préféré de l'opus tant il est immédiat et entêtant. Il est sans doute également le plus facile d'accès, presque tubesque ! Fin et subtil à n'en pas douter, mettant un point d'honneur à finir de nous convaincre que décidément cet album est sérieusement blindé.

En effet, la production est franchement irréprochable : carrée, soignée et soucieuse de concilier voix lyrique et riffs de plomb. "Majesty" ne pourra que vous illustrer ces remarques.
Il faut garder raison et se convaincre du fait que certaines longueurs peuvent parfois ne faire regretter que des titres auraient mérité à gagner en "simplicité" : "((Gostlights))" notamment qui tourne un poil en rond.
Pourtant, chaque poste est appliqué à sa tâche et aucun zicos n'est attaquable. L'ambiance mystique qui se dégage ici est des plus plaisantes.

Si on en vient à penser à des combos du genre THEATRE OF TRAGEDY, THE GATHERING ou, dans une moindre mesure, WITHIN TEMPTATION, il ne faudra pas pour autant se fourvoyer. AVA INFERI vient assurément de franchir un cap et se donne les moyens de se construire une franche et réelle identité loin des illustres groupes encombrants le passage dans le genre.
Season Of Mist a su offrir à l'équipe la possibilité de saisir cette chance et les Portugais ne se sont pas fait prier, avec cette franche et plaisante réussite.
"Onyx" est un album de Metal Gothique doomesque qui ne pourra que vous ravir en ce début d'année. Laissez-vous gagner par la mélancolie de ses guitares et la voix cristalline de sa chanteuse, vous ne serez pas déçus (cette fois-ci!)...

Note réelle : 3,5/5.