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Il y a bien longtemps, dans une période lointaine, très lointaine…
ACE FREHLEY
Episode IV : Trouble Walkin’
C’est une période d’orgie collective. Les années 80 prennent fin et le Hard FM est arrivé à l’apogée de sa gloire. Tandis qu’Alice COOPER fout le feu aux ondes radio avec son album "Trash", le public galactique se remet à peine de l’ouragan provoqué par BON JOVI et son "Slippery When Wet" et les groupes de Glam menés tambours battants par les ouragans POISON et MÖTLEY CRÜE imposent de nouveaux standards.
Poursuivis par l’escadrille cosmique des majors, les artistes se revendiquant du Hard Rock ont un devoir de rentabilité absolu. Victime de la mauvaise qualité de son second album, "Second Sighting", le groupe FREYLEY’S COMET mené par le Spaceman, Ace FREHLEY, aura fait long-feu. Ce dernier décide en effet de renvoyer son fidèle lieutenant Tod Howarth pour se consacrer à l’écriture d’un nouvel album en son nom propre.
Faisant diaboliquement planer son ombre de ses anciens maîtres du blockbuster KISS, FREHLEY s’entoure de compositeurs de talent pour concevoir une œuvre ambitieuse, à même de ramener l’ordre et la paix dans sa discographie…
1989, Ace FREHLEY, "Trouble Walkin’", prend la suite de "Frehley’s Comet" (1987) et de "Second Sighting" (1988). On ne sait pas trop ce qui a pris au Spaceman de pondre en aussi peu de temps autant d’albums après plusieurs années de silence radio. Peut-être son envie de sortir, enfin, son carré d’As et de prouver qu’il était capable de mener efficacement son propre attelage. Pari en partie gagné avec "Frehley’s Comet" qui a fait quelques incursions sur les ondes radio, mais bien vite gâché par la sortie précipitée d’un "Second Sighting" un peu bâclé et un bien trop influencé par le guitariste et chanteur Tod Howarth [1], dont Frehley s’est senti obligé de se débarrasser pour pouvoir renouer avec ses fondamentaux.
Contrairement aux deux précédents, "Trouble Walkin’" est un véritable album solo bien plus qu’une œuvre collective digne d’un groupe à part entière. Du line-up précédent, seul le bassiste John Regan aura survécu. Mais on voit aussi revenir les vieux potes d’antan, le batteur Anton Fig, qui avait collaboré au fameux premier album solo, et le guitariste Richie Scarlett, qui avait également travaillé avec Ace sur "Frehley’s Comet". Howarth se retrouvant out, l’album prend logiquement une orientation beaucoup plus Rock’n’Roll, avec moins de synthé sentimentaux et plus de gros riffs fédérateurs. Il fait aussi la part-belle à la voix d’Ace, qui chante sur tous les titres excepté "2 Young 2 Die", sur lequel ce n’est non pas Peter CRISS qui pousse la chansonnette comme certains ont put l’affirmer, mais bien Richie Scarlett.
Recevant le renfort de compositeurs extérieurs comme Desmond Child et John Regan, FREHLEY a voulu un album très Hard FM, ancré dans son époque, un peu plus complexe que les deux précédents mais suffisamment mainstream pour pouvoir prétendre à une intrusion sur les ondes radio des 80’s. On retrouve donc les refrains aux petits oignons à grands renforts de chœurs enjoués un poil gargantuesques, quelques soli de guitare hauts en couleurs, la traditionnelle reprise ainsi que le tout aussi traditionnel titre instrumental en guise d’épilogue.
Il y a plusieurs petites curiosités sur cet album. La principale étant bien entendu le titre "Hide Your Heart", coécrit par Desmond Child et Paul Stanley, et qui figure sur l’album "Hot In The Shade" de KISS sorti la même année. La version proposée et chantée par FREHLEY est en tout point similaire à celle de KISS, même si je la trouve personnellement mieux mixée et surtout mieux chantée (en fait la version chantée par STANLEY parait obsolète à tout point de vue par rapport à celle-ci). Je n’ai d’ailleurs pas trop pigé pourquoi ce titre avait été autant repris : Bonnie Tyler, Molly Hatchet, Robin Beck et Gypsy ont en effet également repris ce titre… Il y a des choses comme ça. En même temps elle est sacrément bonne cette chanson. Bref !
Les autres petites finesses viennent des invités, bien entendu, et en particulier de Peter Criss. L’ex-batteur de KISS a toujours entretenu d’excellents rapports avec le Spaceman, à tel point que les deux se sont lancés dans un duo avant la reformation du bisou en 1996. On a longtemps spéculé sur la participation du Catman à "Trouble Walkin’", notamment avec cette affaire de confusion avec la voix de Richie Scarlett sur la septième piste, mais au final il semblerait qu’il ait juste chanté sur quelques chœurs. Perso même en tendant l’oreille je n’ai pas spécialement reconnu son timbre vocal. M’est avis que tout ça restera pour la postérité un gros coup de pub. A noter également la participation des membres de SKID ROW, le groupe dans le vent en poupe à l’époque et avec lequel Ace était très pote, qui se traduit par une intervention là aussi tout à fait énigmatique de Rachel Bolan et de Dave Sabo sur les chœurs et de manière plus concrète par quelques braillements de Sebastian Bach en arrière plan sur les refrains de "Back To School". Là aussi c’était tout à fait dispensable, la logique du coup de pub ayant encore prévalu.
Mais tout cela ne remet bien entendu pas en cause la qualité d’un album tout à fait d’aplomb. Si l’on fait abstraction de "Do Ya", fadasse reprise d’ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA [2] qui est restée à l’écart des charts au moment de sa sortie en single, on a affaire à un très bon skeud de Hard FM sans prétention, mais qui tient en haleine. J’ai une petite préférence pour le titre éponyme (composé par Bill Wray et Phil Brown), avec son rythme martial grisant, ainsi que pour "Remember Me", volontairement ringard avec ses sonorités 70’s et bluesy et transpirant un enthousiasme communicatif. Le son est globalement meilleur, moins lisse, moins surproduit que sur les deux albums de FREHLEY’S COMET, même si l’ensemble reste assez mainstream. On y voit quand même un petit revirement artistique de la part d’Ace FREHLEY, qui a bien repris les choses en main : sept titres sur dix dont deux reprises le voient intervenir au niveau de la compo, et il semble plus inspiré à la guitare et surtout au chant. Mention spéciale à l'instru "Fractured III", magnifique, et qui fait fort bien le prolongement du "Fractured Mirror" de 1978.
"Trouble Walkin’" est donc un bon album. Il aura été un fiasco commercial total et ça me paraît assez injuste puisqu’il est largement aussi bon que les albums de KISS de la même époque et égale, voire surpasse (dans le cas de "Second Sighting") ce qu’il avait fait sur ses deux précédents albums. En tout cas, son insuccès semble avoir découragé Space Ace qui n’enregistrera plus rien avant la reformation du line-up classique de KISS et la sortie de l’album "Psycho Circus". Mais le début des années 90, qui a vu l’essor du Grunge et de NIRVANA, n’aura pas été tendre avec le Hard FM, qui sera enterré aussi vite qu’il était apparu. Ace aura été emporté par la vague, comme tout le monde. Dommage…
[1] Howarth fera plus tard son retour, mais en tant que musicien d'Ace FREHLEY. Le nom de FREHLEY'S COMET ne sera plus jamais utilisé.
[2] Groupe britannique très actif dans les années 70 et au début des années 80, dissout au moment de l'enregistrement de "Trouble Walkin'".
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AUTOGRAPH
Sign In Please (1984)
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Lita FORD
Lita (1988)
Le Hard FM au féminin, épisode trois
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 ALANKAZAME
N/A
- Ace Frehley (guitare, chant)
- Richie Scarlet (guitare, chant sur 7)
- John Regan (basse, claviers)
- Sandy Slavin (batterie)
- Anton Fig (batterie)
1. Shot Full Of Rock
2. Do Ya
3. Five Card Stud
4. Hide Your Heart
5. Lost In Limbo
6. Trouble Walkin'
7. 2 Young 2 Die
8. Back To School
9. Remember Me
10. Fractured Iii
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