Du haut de sa colline, avec son armure tellement rutilante qu’elle pète les yeux des trve blackeux plus rapidement que la vitesse de la lumière, EQUILIBRIUM est toujours là, avec son folk folichon de barbec’ à la bonne franquette, ses flûtes des andes d’indiens de centre ville, ses atmosphères de magasin new age à la senteur d’encens bon marché, ses percus trollesques, ses gros claviers boursouflés au manque de tact presque classieux et sa contenance heavy toujours aussi remarquablement accrocheuse.

"Re-Kreatur" enfonce encore le clou, il le défonce même à coup de gros arrangements comme on n’en trouve plus souvent dans une scène allemande qui fait souvent le choix de la simplicité et de la redite. De la redite, chez EQUILIBRIUM, il y en a toujours, les mélodies folk sonnent toujours comme du FINNTROLL Trollhammeren-like, ses arrangements comme du BAL SAGOTH en légèrement mieux, ses riffs comme du ENSIFERUM. L’effet patchwork n’est toujours pas évité, mais on le ressent de plus en plus comme une série d’hommages.
Les Allemands ne se satisfont pas du minimum, ils donnent toujours plus sans forcément gagner plus, ils sont généreux en brassage d’influences, de mélodies et d’orchestrations et, exactement comme c’était le cas dans "Sagas", les morceaux sont nettement plus subtils qu’ils n’apparaissent en premier lieu, laissant parfois les meilleurs riffs et les meilleurs mélodies pour les fins de morceau, ce qui rend le voyage d’autant plus excitant.

Dans sa boulimie épique, EQUILIBRIUM fait surtout la musique qu’il rêverait d’entendre (et on attend le jour où le groupe enregistrera avec un orchestre symphonique, boudiou ce que ça pètera). Il fout tellement la pêche qu’il pourrait compter comme un fruit sur vos 5 par jour, et c’est dire, prenez tous les éléments du haut, et vous avez un Smoothie d’une guimauve épique qui, depuis "Turis Fratyr", a mûri tout en gardant sa naïveté enfantine première.

En vérité, j’ai énormément de mal à me mettre d’accord sur "Re-Kreatur".
La voix de Robert Dahn, nouveau dans les rangs, joue exactement dans un même registre Death/Black assez téléphoné, et me paraît toujours aussi insuffisante et peu charismatique que celle de Helge Stang. Quitte à aller jusqu’au bout dans la démesure, EQUILIBRIUM devrait clairement songer à balancer des chœurs, des chants clairs où je ne sais quoi d’autre (parce que l’aboiement de chien, c’est déjà fait sur "Fahrtwind" …c’est n’importe quoi, mais passons).
Si "Re-kreatur" s’écoute plus facilement d’une traite que son prédécesseur, il en est un peu trop son portrait craché (impossible véritablement de faire la différence entre les nouvelles compos et celles de "Sagas").

Alors je me focalise sur un 3/5 qui aura un poil plus de valeur que celui que j’ai mis à "Turis Fratyr" fut un temps, mais je tire tout de même mon chapeau plein de respect à la troupe allemande pour rester fidèle à elle-même et balancer une excellente sauce multivitaminée dans nos oreilles de barbares frénétiques.