“We are Heavy Metal, if you don’t like it, fuck you!” Voilà, j’ai trouvé comment résumer l’album, ma chronique est terminée. C’est un peu court par rapport aux standards du site ? Bon, d’accord, mais reconnaissons que cette phrase qui ouvre la première chanson, pompeusement intitulée "Heavy Metal", est un très bon condensé de la mentalité de METALIUM. Le groupe nous sert depuis plus de dix ans un Heavy Metal qui commence à vieillir, mais qui ne changera jamais, et si cela nous dérange, nous n’avons plus qu’à aller nous faire foutre. Bien. Les infidèles sont donc reconduits à la sortie du temple tandis que les adorateurs, extatiques, poursuivent leur rite païen et bruyant à la gloire des dieux de la guerre.

Cependant, le chroniqueur, hérétique agaçant qui finira un jour sur le bûcher (et il ne l’aura pas volé), ne peut se résoudre à accepter un choix aussi simpliste. Les Allemands ne démordent pas de leur volonté de créer une musique rapide, énergique et fédératrice, mais cette musique est-elle seulement bonne ? C’est bien sûr là que le bât blesse : METALIUM fait partie de ces groupes de seconde zone qui sortent maintenant chaque année le même album, à quelques variations près, et qui se traînent une réputation de caricature ambulante. Des musiciens corrects, un chanteur qui n’a pas à rougir face aux maîtres du genre, bref, beaucoup de potentiel, mais un manque flagrant d’ambition et, soyons honnêtes, de talent d’écriture.

Ce huitième chapitre, dont la pochette nous plonge dans les ténèbres de l’Egypte ancienne (avec un esclave qui rappelle d’ailleurs étrangement le héros du jeu "God Of War"), ne déroge pas à la règle, mais entend miser sur des titres moins véloces, plus pesants ou mélancoliques. Bien que le groupe ne semble pas pouvoir se passer de sa caution Heavy Metal avec une première piste rapide, comme le veut la coutume, cette pesanteur se fait sentir assez vite avec un "Light Of Day" qui ralentit le tempo et surtout un "Pharao’s Slavery" désespéré qui lorgnerait presque vers le Doom Metal. Cette piste n’est bien sûr pas sans rappeler "Incubus", de l’album éponyme. Les ballades sont également à l’honneur, et force est de constater que METALIUM maîtrise plutôt bien l’exercice, fait plutôt rare pour ce genre de groupe : on se souviendra notamment de leur surprenante reprise de "The Show Must Go On" ou de "Metamorphosis", issue de "Millenium Metal". Etrangement, la chanson "Borrowed Time" est sans doute la meilleure de cet album. Sucrée, certes, mais très agréable.

Que les intégristes du groupe se rassurent : les morceaux rapides sont tout de même en nombre, mais ils restent, comme d’habitude, peu recherchés et pas fins pour un sou. METALIUM fait du METALIUM et en est réduit à composer une chanson pour le rappeler, comme pour trouver un prétexte à son manque de renouvellement ; prétexte qui ne trompera bien évidemment personne.
Laissons donc le groupe composer la musique qu’il aime sans jamais se remettre en question et cessons d’espérer un changement de cap qui n’arrivera jamais. Comme sa flopée de prédécesseurs, "Grounded" est un album moyen, vite oublié, mais pas non plus désagréable. Composé par un jeune groupe, il aurait sans doute récolté quelques encouragements, mais METALIUM ne mérite pas tant d’indulgence.