- "Evitez de parler dans votre langue ou de transposer… Il faut penser russe !"

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Chez Gigawatt Music, tout jeune label russe à connotation underground, on donne dans le Deathcore. Sauf que celui-ci copule avec le grand méchant Death "Brootôl". EASE OF DISGUST est russe et "sonne" russe. En croisant le chemin d'ABOMINBABLE PUTRIDITY, il en a gardé un de ses organes, Andrey, la quatre corde de la "Russian Heavy Machine". D'ailleurs ce point n'est pas fortuit, car le créneau des petits de gars de Moscou pointe son doigt sur le lugubre visage du Death moderne. Il en découle cet héritage pachydermique où les Moscovites conservent ce ton à l'apparence ferrugineuse.

Cette marche de pachydermes nécrosés, résonne dans tous les blocs de l'ex union soviétique. Le cortège se nomme donc EASE OF DISGUST et nous livre son premier EP "The Shell" en 2009, aux cinq coups de massue les plus bodybuildés de la région. Son langage est identique au reste de la scène internationale du Deathcore. Il y aura du break lourd et down (très down), du mosh fiévreux, des vocalises au registre inhumain, amplifiées, ultra glaireuses à souhait, synchrones aux rythmiques métronomiques chargées de glaise. Souffle putride et écrasant, "The Shell" met ses grosses couilles sur la table des négociations. Loin de jouir d'une technicité à géométrie variable, qui ne lui permet pas encore d'atteindre une palette plus large en terme de musicalité, le combo russe se recentre sur l'impact de sa musique en privilégiant les moments d'intensité les plus hard qu'il puisse produire, grâce au passé slam d'Andrey ("Rot In Amphitheatre").

En fait, EASE OF DISGUST est un bulldozer, une brute sortie des blocs les plus sordides de Moscou, nourri au mur du son "organique" (grosse prod' au menu), parce que ce truc-là c'est chaud bouillant. Sa source principale c'est le Death saignant et brutal. Son carburant c'est le Hardcore qui groove, un bon groove, c'est par moment lent mais charmeur car ça crépite sous la langue, ça coule tout seul comme une bonne bouteille. Et vous savez quoi… On en redemande de ce "Russian Deathcore". Seulement voilà, "The Shell" n'est qu'un EP, format court d'à peine vingt minutes, les morceaux restent néanmoins copieux ("Approaching The End"). On sent que ces gaillards utilisent au même titre que les autres cette méthode de destruction massive. Or, peu sont réellement capables de faire durer le plaisir, de tenir le rythme sans faillir à des digressions malvenues où des plans trop alambiqués, une écriture automatique et un usage des gimmicks mélo-émo-mon-cul, sont plus qu'envahissants. A ce titre, EASE OF DISGUST est un miraculé dans le style.

Alors, premier jet, première tuerie ?
Je m'éterniserais pas dans l'éloge pour autant, car une euphorie bien éphémère nous guette néanmoins. Si on résume, EASE OF DISGUST est plaisant mais son évolution reste primordiale. On a déjà vu certains faire un tabac en format court et se ramasser en format long (JFAC), comme des gosses trop pressés d'imiter leurs potes, parce que le manque de recul est un risque qu'il ne faudrait pas omettre. Mais allons-y franco et n'ayons pas peur de leur dire, ce coup-ci, EASE OF DISGUST est une bonne recrue. Son efficacité nous laissera une petite trace pour qu'on daigne lui accorder notre attention. Ce qui est déjà énorme pour une formation de Deathcore. Je n'en dirais pas autant des autres, dont toute la clique des SUICIDE SILENCE et autres IMPENDING DOOM, paraissent bien fadasse en comparaison de nos bouchers moscovites. Par contre, en terme d'intensité, seul OCEANO et ses grosses tentacules de poulpe black serait capable de lui tenir tête (essayez "Depths" juste pour voir). Au-delà du peu d'intérêt public, cette rixe ne manque pas de charme.

Note réelle : 2,5/5.