Qui a dit que les concours de musique généralistes ne formaient que des pompeuses de dard à demi-dénudées en train de descendre du plafond dans des tissus aériens en pleine soirée des Grammys ? HOLY CROSS est le vainqueur du concours "Air de Jeunes" 2007, ouvert à tout jeune artiste, peu importe son style. Merde, un groupe de Metal qui remporte la palme à une démonstration de nouveaux talents ?! Si ça c'est pas une bonne nouvelle et une idéale manière de débuter une chronique…

Ne vous fiez pas au nom pieux de ce groupe de Heavy français, ça déménage pas mal plus qu'une célébration eucharistique. Plus qu'une messe à gogo sur la mescaline ! Et ne croyez surtout pas que les premières secondes de "King In Hell" représentent la qualité de la production de ce premier skeud du quintette de St-Étienne, dans Rhônes-Alpes : ce qu'on nous offre ici, fans increvables de Heavy pure laine, c'est un flanc de montagne de riffs, de soli, de refrains et de rythmiques qui honorent les patriarches du genre. Ajoutez à cela une légère influence pour la mythologie scandinave du côté des paroles et vous tenez une excellente façon de vous défouler tout en demeurant sage.

Le groupe ne renie pas ses influences : les années 80 arrivent en premier. MAIDEN, ICED EARTH, JUDAS PRIEST, AC/DC, on connaît la chanson, HOLY CROSS est le sang et l'eau des deux guitaristes et fondateurs, Mickaël Champon et Adrien "Black Diamond" Liborio.

Des barrages de grattes, un chant très intelligible et nuancé, des « chœurs virils », un charisme sous-jacent qui se glisse dans cette forme classique de Heavy, vous savez celui avec le solo au milieu… Une batterie qui suit son maître au doigt et à l'œil, qui tient le beat sans trop en faire, une basse qui bourdonne vachement beaucoup, c'est exactement ce que vous retrouverez partout sur cette galette. HOLY CROSS utilise aussi le clavier pour enduire ses compos de peinture de guerre, mais ne vous inquiétez pas, ce n'est rien de barbare. Que de légères ambiances épiques ici et là, pas de quoi fouetter un chat. Ça demeure joyeux à la base, on dira qu'ils festoient davantage les après-guerres que les hostilités elles-mêmes.

Toutes les pistes se valent pour arriver à nos fins "sous le drapeau", elles se ressemblent et forment un mélange homogène efficace. Ça me fait penser à CROM, que j'ai eu le bonheur d'écouter l'an passé ; les premiers albums d'artistes doués nous laissent parfois un goût amer en bouche, cette même gueule qui s'était ouverte de surprise aux écoutes initiales. Non pas que HOLY CROSS ennuie sur la longueur, au contraire, il n'a simplement pas tout donné ce qu'il avait dans le ventre. Les Français ne sont pas prêts d'accoter le potentiel de Heavy batailleur de REBELLION, mais peuvent prétendre à leur mordre la jugulaire un jour. Avec un peu plus de moyens, d'aplomb et de variété dans les arrangements et des hymnes valeureux et fédérateurs comme "Twilight Of The Gods" ou "The Last Survivors" !

Seul bémol : la basse vole parfois le show aux soli, la faute à un sous-mixage déficient, mais bon, c'est bien pour trouver des défauts que je m'improvise chiant de service avec nos adroits Français. Ils méritent davantage mes félicitations que mes remontrances, malgré que certains zines les aient démolis d'un coup d'épée dans les dents. "Under The Flag" est pourtant un effort valable et foutrement jouissif.

C'est ça quand on livre la marchandise sans prétention, avec inspiration et une passion monstre pour le Heavy, style qui n'a pas toujours connu de jours dignes d'une fiesta. Le jeu des zicos permet à cette époque dorée du Heavy de demeurer vivante, c'est foutrement de bonne augure pour le futur. De la formation et de la musique des vieux tatoués.

Headbang garanti ou argent remis. Enfin… On peut rêver.

3,5/5.