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DRONE METAL  |  STUDIO

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EARTH - Special Low Frequency Version (1993)
Par ENLIL le 20 Février 2010          Consultée 7395 fois

Les doigts sont gourds et hésitants. Parce que c'est EARTH. Parce que c'est "Special Low Frequency Version". Et parce qu'en l'an de grâce 1993 fut propagé le Verbe. Un Verbe chthonien aux ondes et aux étirements à perte d'ouïe, modulé par les apôtres St Bourdon et St Larsen. Un Verbe au déploiement d'horizons se gardant bien de faire sens. Alors les profanes, assistant à l'épiphanie du genre, se turent dans cette nef au plafond éventré, comme écrasé sous un ciel pesant. Comme on les comprend : souvent imité (car qu'est ce que les "GrimmRobe Demo" de SUNNO))), au final, sinon un hommage à Dylan Carlson ?), jamais égalé, "Earth²" est au Drone ce que les Tables de la Loi sont au peuple élu ; apex insurpassable d'une pureté spirituelle sans équivalent ; pyramide d'une densité monumentale sciemment tronquée d'un unique sommet interprétatif ; colossaux moellons balancés de plein bras à la gueule du monde. Les enfants, le message est clair : voilà ce qu'est le Drone, dans son expression la plus jusqu'au-boutiste.

Hendrix serait joyeux de voir quels héritiers perpétuent la démarche sonore d'une musique tendant à l'énergie pure - d'une pureté telle qu'elle confinerait alors à la transe mystique. Et, même s'il faut reconnaître qu'EARTH n'a pas été le premier à adopter le bourdon comme technique musicale (LaMonte Young d'abord, puis Charlemagne Palestine sur "Alloy" y avaient pensé bien avant eux), il n'en reste pas moins que jamais, au grand jamais, une gratte n'avait sonnée avec une telle largesse ; jamais il n'y eut, à l'époque, une expérimentation guitaristique aussi rock'n roll sur la matière même du son. Dylan Carlson, en Moïse halluciné du vrombissement tellurique, fendît les eaux des conventions, traçant le sillon de ce qui allait être, plus tard, le chemin de pèlerinage des futurs convertis. Parmi ses zélotes les plus illuminés, le duo Greg Anderson/O'Malley, à qui nous devons, entre autres, le groupe éponyme (et complètement barjo) de la deuxième piste.

Premier des trois monolithes à vous dominer de sa morgue, "Seven Angels". Si le Drone Doom devait avoir un riff emblématique, cette complainte souterraine aux infrabasses de plus en plus insistantes en serait l'archétype. Les cafouillages d'"Extra Capsular Extractions", à côté, font bien pâles figures ; le rythme, lui, est remisé bien au fond du placard pour ne reparaître, lointain, que sur la dernière piste. Plus le morceau avance, et plus le riff se simplifie ; par deux fois l'appesantissement sur une note étire l'espace-temps, et le retour au riff d'origine, débordant d'infrabasses délétères, s'enfonce de plus en plus profondément au cœur de la terre, langue de lave aux crues débordant sans cesse. L'inquiétante catabase, peu à peu, prends alors les airs d'une profonde méditation.

Médusé par le flot de "Teeth Of Lions Rule The Divine", submergé dans cet océan aux ondes sans fins, filaments d'accords équilibrés du maintien exponentiel de la note ; le regard des futurs disciples, hébétés, s'absorbe dans la contemplation d'une matière sonore aux ahurissantes émanations psychédéliques. Or c'est précisément entre ces boucles d'infrabasses volatiles, dans ces intervalles agrandissant à loisir leurs interstices, que la raison solipsiste se dissout, Sujet et objet de sa contemplation ne faisant alors plus qu'un.

La nef s'évapore sous l'appui du front du ciel. A la fois hors-temps et évoluant dans un non-lieu, ne se rendant même plus compte de l'entame de "Like Gold and Faceted" et faisant l'expérience de la durée, le sujet n'est plus que cette impensable distension d'une matière se confondant au ciel, devenant horizon pur, illimité, à l'image de cet unique accord maintenu 30 minutes (!) durant. Arrivé au point de non retour, non sens d'où pourrait naître une infinité d'interprétations possibles ; le regard aura beau fixer différents endroits de cette masse qu'il se diluera, infailliblement, dans ce même point de fuite ; pour ne plus faire qu'un avec cet horizon malléable, au bon vouloir de ce Gèb dronien.

Et les yeux, miroirs de l'âme après une telle expérience, brillent d'un éclat à l'insondable profondeur.

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   POSITRON

 
   (2 chroniques)



- Dylan Carlson (guitare)
- Dave Harwell (basse)
- Joe Burns (percussions sur 'like gold , faceted')


1. Seven Angels
2. Teeth Of Lions Rule The Divine
3. Like Gold And Faceted



             



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