Si vous appréciez le Heavy Metal et que Doro Pesch ne vous évoque absolument rien, vous méritez une petite tape sur la main. J’espère que vous avez des excuses valables à formuler, du genre, vous venez de sortir de la prison de Guantanamo (merci Barack) et les tortures psychologiques à base de Techno vous ont complètement atrophié le cerveau. Si c’est le cas, je veux bien passer l’éponge et vous expliquer un peu qui est cette Doro.

Dorothée Pesch est une chanteuse de Heavy Metal pur et dur, qui a connu le succès dans les années 80 avec le groupe WARLOCK. Elle se lance ensuite en solo sous le nom de DORO. Vingt-cinq années de carrière plus tard et vingt ans après "Force Majeure", son premier album avec DORO, voici que débarque "Fear No Evil". Dixième album de la déesse du Heavy (de la mamie, diront les mauvaises langues) et un style qui reste inchangé.

Comme souvent avec DORO, il y aura toujours deux avis bien distincts. D’un coté, les fans de la belle blonde qui apprécieront encore la formule de la miss. En effet, ce cocktail Heavy traditionnel couplé avec la voix de l’allemande fonctionne plutôt bien, ma foi. Les autres pointeront le manque d’originalité, la redondance des textes, le manque de prise de risque. Certes, il est vrai que Doro surfe sur la même vague depuis belle lurette et que cet album ne déroge pas à la règle. Néanmoins, ce "Fear No Evil" ne doit pas être perçu uniquement par le prisme de ces considérations basiques.

Il se dégage de cet album quelque chose de plus grand, comme un hommage à 25 années de carrière, un "adieu" aux fans et une déclaration d’amour ultime au Heavy Metal. Que l’on aime Doro ou non, on ne peut oublier le quart de siècle durant lequel la dame a offert son temps, sa vie à cette musique. On ne peut rester insensible devant ce qui ressemble bien à une dernière offrande avant un repos bien mérité. Tout ce qui compose ce "Fear No Evil" laisse à penser qu’il est un album de clôture.

Le premier morceau, déjà, "Night Of The Warlock", est un clin d’œil évident à WARLOCK, ancienne formation de Doro. On retrouve des titres totalement dans l’esprit de l’Allemande "Running From The Devil", par exemple, avec sa grosse batterie à l’horizon, le refrain repris en chœur et les riffs Heavy à souhait. Il y a aussi "Celebrate" dans la même veine et "I Lay My Head Upon My Sword", un tantinet naïf mais touchant. N’oublions pas le coté plus rapide et incisif avec "On The Run" ou "Caught In The Battle", les deux étant un peu gâchés par une production hasardeuse.

Terminons par les ballades au nombre de quatre, dont un duo sublime avec Tarja, "Walking With The Angels". Les deux voix s’accordent magnifiquement bien, frissons garantis avec ce titre, le meilleur selon moi. L’album se termine avec le touchant "25 Years", déclaration d’amour à ses fans, à la musique, à la vie. La boucle est bouclée.

Vous l’aurez compris, "Fear No Evil" n’est pas un album de plus dans la discographie bien fournie de DORO, cela va plus loin. On passera outre le manque d’originalité et une production parfois un peu légère pour aller à l’essentiel et savourer ce qui ressemble au point final d’une longue et belle carrière. Si l’on juge cet album uniquement sur la musique, il vaut trois étoiles, si l’on juge l’aspect commémoratif, il en vaut infiniment plus.