"Dopoguerra" ou l’après-guerre…

Entre nostalgie et nouveau cap - aussi bien historique qu’artistique -, KLIMT 1918, ce groupe en provenance de Rome, ne veut pas oublier cette époque difficile et empreinte d’émotions puissantes. Le monde entier en a souffert et sa vision des choses, après un tel carnage humain, n’en a été que plus bouleversée et ce, à jamais.

L’intro de leur deuxième album en est un court aperçu sonore et non musical ; celui de la joie vite dépassée et désabusée d’un tel cataclysme planétaire. Passé ce document d’archive, c’est quasi du U2 qui se pointe… enfin, les sonorités du moins ! THE CURE en est également pour ses frais. Et cependant, nous lorgnons et dérivons souvent vers ANATHEMA ou KATATONIA sans y toucher vraiment ; en tout cas, s’en éloignant grandement par rapport à leur premier album, "Undressed Momento" (2003). Mais le tout se combine admirablement. On appelle cela du « Rock Indie alternatif » !

La plupart des morceaux aborderont donc le thème d’une Rome détruite qui aura bien du mal à se relever de ses ruines. Par contre, le troisième morceau est différent. Il est dédié à cette femme qui, parce qu’elle y croyait, s’était assise devant un bulldozer afin de le stopper… Celui-ci la broya, sans s’arrêter une seule seconde (…), pour entamer la destruction d’un bâtiment palestinien dans la bande de Gaza. Elle s’appelait Rachel Corrie et a fini sa vie à l’âge de 23 ans.

Voilà en ce qui concerne les textes et l’ambiance générale. Passons donc à l’aspect auditif si vous le voulez bien.

Nostalgique ET dynamique !!! Plus accessible, plus rock et donc un peu moins triste mais toujours aussi rafraîchissant. De nouveau, toutes les touches instrumentales nous font indéniablement penser à des sons que nous connaissons déjà. Alors, elle est où, l’innovation ? Elle est dans le rendu prémâché, ingurgité et recraché avec goût (comprend qui veut !). Cette capacité que KLIMT 1918 a de recycler un patrimoine auditif mondial (européen plutôt, non ?) en le transformant par des compositions originales. C’est tout l’enjeu d’un tel groupe. Et il y parvient d’une bien belle manière.

Nous pouvons, cependant, regretter ce qui donnait sa force au premier album : l’empathie mélancolique ! Ici, nous percevons quasi l’allégresse des musiciens à nous communiquer - escortée de textes graves, pour rappel - une énergie qui nous donnerait plutôt envie de danser. Bizarre et en même temps, ce concept décalé en vaut la chandelle.

Mélodies simples, facilement mémorisables et pourtant celles-ci démontrent un savoir-faire qui n’est pas donné à tout le monde. D’un côté, nous ressentons en permanence une sensibilité à fleur de peau et, d’un autre côté, une volonté de s’en sortir afin de partager une Histoire commune. Mais l’humanité est un éternel recommencement et l’a prouvé maintes et maintes fois alors, pendant qu’il en est encore temps, imprégnez-vous d’un "Dopoguerra". Qui sait, ça pourrait bien être salvateur pour votre bien-être…

Le second CD (dans la version digipack) est composé - entre autres - de titres inédits dont "Cry A Little" qui aura bien besoin de votre ouverture d’esprit musical si vous voulez aborder sereinement, et sans appréhension, son écoute en entier… avec étonnement garanti tout de même, hein ! La batterie est électronique et nous retrouvons des « clap clap » à la place d’un bon coup de caisse claire ! « Oufti vin d‘jûûû, New Wave, tu ne mourras donc jamais ! ? ». Quant à l’insupportable, attention, il est là, il arrive : n’écoutez pas l’aberration technoïde de "Sleepwalk In Rome" qui était relativement intéressant sur le 1er CD.

Sinon, les autres morceaux dont "Never Ever" et "Yanqui Girl In Rafah" sont des perles musicales retrouvant un instant l’ambiance d’"Undressed Momento" : sublime mélancolie au-delà de ce que nous attendons d’un groupe pareil. C’est aussi dans cet esprit que KLIMT 1918 retravaillera son "They Were Wed By The Sea" (présent sur le CD1 de "Dopoguerra").