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BLACK METAL  |  E.P

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DEATHSPELL OMEGA - Chaining The Katechon (2008)
Par ENLIL le 13 Novembre 2009          Consultée 5165 fois

DEATHSPELL OMEGA nous revient avec ce split (dissocié) avec S.V.E.S.T… premier constat, et non des moindres : en 22 minutes top chrono, jamais la broyeuse spirituelle poitevine n’aura aussi viscéralement roulé des mécaniques et synthétisé un art porté à pleine maturité. Ce grain flétri, cet extatique putréfié exhalé d’une même haleine, esthétique si chère à celle du "Si Monumentum", n’en garde pas moins les acquis d’un "Fas" névrotique ; réminiscences ici mieux articulées, intelligibles (soupir de soulagement général), et dont les conflagrations épileptiques, réparties avec parcimonie aux endroits-clés de la progression, préviennent le sujet de toute nausée. Meneur, ce constant et odieux déhanchement dissonant aux pointes et torsions serpentines modales, que ne lasse pas de contrebalancer un travail harmonique purement atonal empruntant aussi bien à la musique contemporaine qu'au free-jazz ! (la récurrence et la manipulation insane de certains motifs me font presque indirectement penser à certains emprunts sériels, et, plus généralement, au free, vu les ravages supersoniques de cette batterie sidérante de versatilité et de précision, tant en blast qu'en mid). Brillante, cette production organique d’une lisibilité exemplaire, qui se paie même le luxe de valoriser une basse névralgique aux motifs de pendu… rhâ, lovely.

Le trio poitevin, dans sa quête obsessionnelle d’un tout, tord et dissout certes le réel, mais fait indubitablement sens, grâce en partie à un corps musical prolongé par un jeu sur la succession des textes, dont la structure même objective en toute complémentarité les idées développées. Remarquable donc, ce processus d’agencement et de déroulement non-linéaire des paragraphes, où se dessine, de l’embarras de leurs ellipses et de leur rebours de progression, une circularité trop parfaite pour être accidentelle, de 7:38 à 16 mins. Constituée de deux paires de 5 éléments-texte, ces deux dernières sont segmentées par un « élément-clé », le refrain transitoire We went bent and convulsed, dont l’atonalisme convulsif laisse ici la place aux arpèges litaniques et aux haut-le cœur instrumentaux. De là le processus textuel et instrumental poursuit ses errances, ses lapsus et ses rebours, et finit par rejoindre, à l’image de la pochette, son point de départ, le 9e paragraphe Liable for the core of the origins/There remains…. A son terme, les guitares, ayant alors secondé le processus de révolution et constitué les liens dudit enchaînement, s’abattent et résonnent d’une pleine résolution, - ô prescience du dernier terme ! -, foulent prestement les deux étapes suivantes et s’extraient de cette structure circulaire par la désagrégation de ce fabuleux refrain transitoire.

Au terme de ce dernier, un cor. Annonce eschatologique de l’imminence du verdict. Et psalmodiée dans cette conclusion magistrale, l'exégèse des Poitevins fait plier le texte Paulinien non dans une terminologie Schmitienne, donc politique ; (le Katechon n'est plus ce concept désuet de «force freinante» assurant la permanence d'un Empire Chrétien qui retarderait la venue du Sans-Loi, de l’a-nomos) mais s'axe apparemment sur celle, plus fidèle, de la rétention, de la dissimulation du «mystère de l'anomie déjà en acte»*, mystère recouvrant sans mot dire un pouvoir profane rendant le nomos inopérant : l'«anomie» peut ainsi être comprise et en termes d'inexécutabilité de la Loi Divine, et en termes d'illégitimité radicale de tout pouvoir émanant de Dieu. L'apostasie s'étend au cœur du champ, celui-là même que les anciens croyants seront menés à abattre - car la question demeure, cruciale : «Combien est légitime la foi dans le désespoir ?». Le Katechon dissimule donc cet état substantiel durant le temps messianique (que signe l'affrontement des deux parousies), il est ainsi ce qui doit «être écarté, afin que l'Anomos (Lui) soit révélé»* - et ce dernier, à terme, balayé par le souffle divin incarné, rendant inopérant l’être en acte du fils de la perdition.

«Enchaîner le Katechon» reviendrait donc à retarder indéfiniment la parousie divine pour mieux maintenir, sous l’onde, le règne du Sans-Loi, de «celui qui se dresse contre et s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu et est objet de culte, jusqu'à siéger lui-même dans le temple de Dieu, se montrant lui-même comme Dieu»*. «Le fait d’un homme libre», celui de l’acte artistique pur circonscrivant formellement le Katechon, ne signifie rien moins que la victoire : la parousie divine n’aura jamais lieu, et la figure de l'Anomos chauffant sciemment le trône se constituerait lui même, effectivement, de «l’être en acte de Satan dans chaque puissance*». No place to cover from / Its rotten light.



Ho-sanna.




Ho-san-na.




Ho-san-n-a.



*Paul, 2 Thess 2, 3-9.

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- Hasjarl (guitare)
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1. Chaining The Katechon



             



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