Tiens, une campagne de l'UFSBD pour avertir les enfants des dangers de l'abus de confiture pour leurs dents ? Ah non, c'est juste l'affreuse pochette de "Blood For Satan", l'unique album de BLACK DAWN. Un sang aussi fake, Satan n'en voudrait sûrement pas. Il collerait à son beau poil ovin. Néanmoins, cette pochette a trois mérites. Primo : elle prouve que n'est pas spécialiste des effets visuels qui veut. Secundo : elle rappelle à quel point le corpse paint, c'est moche vu de près, surtout quand c'est mal fait. Tertio : elle indique que le groupe est mal parti dans le registre du blasphème avec un artwork aussi raté.

Et pourtant, c'est le fond du discours de la formation finlandaise. Le blasphème, soit. Rien d'étonnant dans le Black Metal, bien sûr. Mais bon, en 2001, année de sortie de ce disque, le genre avait déjà dix ans d'anticléricalisme et de satanisme derrière lui, et a eu le temps d'étendre son champ lexical en la matière. Caché sous l'étiquette True Black Metal, qu'il arbore au dos de la pochette, BLACK DAWN n'a pourtant pas cherché à aller plus loin que ses codes primitifs. Résultat : des textes caricaturaux à souhait ("Blood For Satan"), au vocabulaire pauvre ("Pitbound"), à la grammaire médiocre et à l'orthographe douteuse. Avec derrière lui une carrière de neuf ans déjà, commencée sous le nom de NOCTURNAL FEAST, le groupe impressionne sur cet album par sa capacité à ne pas avoir évolué, conceptuellement parlant. Et les annotations du type "anno bastardi", au bas de certains morceaux, ou le salut à l'Ostrobothnian Black Metal Circle dans les crédits, ne font que rajouter au blasphème de foire que nous vend BLACK DAWN. Sauf qu'ici, le second degré – assumé ou non – à la IMPIETY est totalement absent. Mais que sont donc venus faire plusieurs anciens de ...AND OCEANS dans cette galère ? Navrant.

Musicalement, il y a pourtant des choses à sauver sur ce disque. Les riffs de "Pitbound", "Of Blackest Witchcraft", "Enemy Of The Day" ou "Within Ye Woods, Before Ye Throne" ne sont pas mauvais, et pourraient même être bons si les morceaux étaient plus aboutis. Rien à dire, évidemment, sur les structures répétitives desdits morceaux, c'est l'un des modèles de composition du Black depuis ses origines, et l'éternel standard qu'est "Transylvanian Hunger" est ainsi construit. Trop à redire, en revanche, sur la répétitivité des paroles. Parfois réduites à quelques vers, rabâchés à longueur de morceau ("A Hymn To Grand Darkness", "A Horned Moon Rising"), elle ne manquent pas de saouler même l'auditeur averti. Emporté par son élan de médiocre parolier, Hoath Wrath est paradoxalement parvenu à écrire des vers trop longs pour être prononcés dans les temps. Alors il vire des mots par ci par là.

Des approximations difficilement supportables, surtout une fois que l'animal pose son ignoble voix dessus. Une voix poussive, au grunt trop faible pour être vraiment Black, qui tient finalement plus d'un chant Punk hurlé à pleins poumons que d'autre chose. Couplée à la brutalité bas du front et sans la moindre tempérance de la musique, elle achève de rendre fatigante l'écoute de cet album au bout de trois morceaux. Le Brutal Black n'est définitivement pas pour les Finlandais. Ils ont bien d'autres finesses et originalités à apporter au Black Metal. Même si BLACK DAWN, lui, s'est entêté et a poursuivi sa route sous le nom de THE TRUE BLACK DAWN, s'est enfoncé encore plus dans l'underground, et n'a plus sorti le moindre album.