INDUKTI est un groupe Polonais, influencé par KING CRIMSON et TOOL, assis sur la frontière entre Prog-Metal et Rock Prog. Leur musique est insolite, elle manifeste une volonté certaine d'imprégner l'auditeur, elle est vaste, elle ruisselle, hypnotise. En partie grâce à une violoniste totalement envoûtante, un guide à la fois séduisant et dérangeant, harmonieux et grinçant. "Idmen", leur second opus, reste fidèle à ses racines, mais s'aventure dans une voie plus sinistre et outrancière qu'auparavant, source de débordements en tout genre au sein de compositions en béton.

"Sansara" déboule à fond. Thèmes déglingués, énergiques et légèrement dissonants, le ton est donné. Un violon qui sonne comme un hautbois, serti dans la rythmique. Une fin magnifique en arpèges limpides et mélodies exotiques.

"Tusan Homichi Tuvota" déroute par ses airs étranges, ses vocaux invocateurs aux faux accents de David BOWIE... Musique lancinante, enrichie d'instruments ethniques et de percussions hindoues. La fin s'affiche ici menaçante, hantée de quelques growls et d'une basse lourde et obsessionnelle... Quel univers démentiel !

"Sunken Bell"... Percussions, trompette bouchée, violon, gong... Une brève atmosphère surnaturelle, brumeuse et portuaire...

"... And Who's The God Now" débute par des roulements de toms, une guitare vive en looping et une litanie insensée... La tension grimpe, grimpe... et débarquent des grattes survoltées et du chant, tous deux tour à tour extrêmes et orientaux. Là aussi, INDUKTI fait dans le franchement bizarre, pour notre plaisir le plus vif.

"Indukted" démarre en trombe et demeure tumultueux, dispensant une tripotée de riffs agressifs et syncopés, soutenus par une basse ronflante et des rythmes de batterie aussi hallucinés qu'impressionnants... Du grand art ! Et j'insiste avec fièvre, mais le batteur assure comme un malade durant tout l'album, c'est un des éléments majeurs de ce groupe.

"Aemet" enfonce le clou. Sorte de récapitulatif en plus intense que ce qui précédait, et là encore avec un très beau passage calme, instigateur d'une rêverie énigmatique.

"Nemesis Voices" est un titre à la RIVERSIDE (un excellent collègue Polonais...). Grosse rythmique infaillible, un chant un peu vaporeux, des moments plus planants... Le plus classique des titres d'"Idmen", mais dans le genre, succulent.

"Ninth Wave"... La mer, des cris de mouettes, de la trompette bouchée, une guitare acoustique pour cadencer le morceau et le guider en une ascension irrésistible vers... un duo de thèmes tordus à la sauce CRIMSON et de nouveaux cataclysmes de batterie. Puis, accalmie. Mais sur un tempo alerte, avec des soli acoustiques de violon et de trompette aériens. Retour des grosses grattes et du batteur allumé pour un final bien apocalyptique avec en toile de fond une splendide mélodie... Enfin, disparition successives des instruments pour un retour à la grève initiale... la mer, des cris de mouettes...

Musique riche, qui fait dans l'éclectisme, l'exotisme, et même une certaine forme d'extrémisme. Expérimentale ? Certes, dans le sens le plus louable du terme. Assez peu de chant, souvent singulier. Des parties de guitares enflammées et efficaces. Des ambiances aussi inquiétantes qu'atmosphériques. Réservé aux amateurs cependant… Mais pour ceux que l'agressivité d'"Idmen" rebuterait, osez leur 1er album, "S.u.s.a.r" : moins violent, c'est une perle rare.

Note : 4,5/5, arrondi à 4, le 5 étant réservé pour le prochain opus.