A première vue, TO-MERA pourrait se résumer à un nom : Kiss. Non, pas le groupe peinturluré, mais une chanteuse hongroise ayant officié au sein du groupe de metal progressif WITHOUT FACE (inconnu au bataillon en ce qui me concerne). Notre Julie Kiss, donc, s'en est allée en Angleterre pour fonder avec le producteur et bassiste Lee Barrett ce groupe aux douces sonorités égyptiennes.
Julie Kiss, donc, une chanteuse dans un groupe... à chant féminin ! On se dit déjà « j'vais t'enfoncer la contrebasse et les cent quarante-six violons ! » (pardon). Eh non ! TO-MERA joue du metal progressif ! Le batteur est paraît-il fan de polyrythmie, ça fait froid dans le dos...
On échappe aux clichés du metal gothico-épico-symphonique, on se prend donc en pleine figure ceux du metal progressif : gros riffs complexes, parties de batterie façon maths sup, chansons sans fin, etc. Si ces éléments vous rebutent, vous pouvez vous en aller, je ne veux pas de morts sur la conscience. Si vous êtes un vrai guerrier du prog, cet album est fait pour vous et vous passerez un bon moment en sa compagnie.

Revenons à notre Julie Kiss, puisque c'est elle qui ouvre le bal à l'occasion de la première chanson, « Traces ». Une voix a capela, une batterie presque tribale accompagnée d'un solo de guitare, puis une envolée lyrique au piano. Premier constat : c'est beau, faites que cette impression se confirme par la suite. Puis vient Blood, le premier gros morceau, avec ses riffs-parpaing et son chant mélancolique qui m'a vaguement rappelé EPICA (les similitudes s'arrêtant là). Le piano est toujours là, élégant et aérien, et cède parfois sa place à de discrètes nappes ou à un lead virevoltant lors du très bon break (cette basse !). Cette première chanson est une réussite.
L'album dans son ensemble est finalement du même acabit, ce qui est à la fois bon et mauvais. La musique de TO-MERA est de bonne tenue, on ne s'ennuie pas en écoutant l'album, qui réussit le pari d'être assez varié, osant même des passages aux sonorités black metal ! Cependant, ce « Transcendental » n'est pas à la hauteur de son nom. Julie Kiss, encore elle, déçoit parfois. Son beau timbre masque difficilement une utilisation assez limitée de ses capacités vocales : en d'autres termes, elle chante quasiment toujours de la même manière, semble parfois manquer d'enthousiasme et pour finir, son chant se retrouve parfois perdu au milieu du chaos des instruments. Dommage, car on sent bien que le groupe fait reposer une part non négligeable de sa substance émotionnelle sur le chant de Julie Kiss.
Quant aux autres membres, metal progressif oblige, leur prestation est impeccable et respire la maturité. Les musiciens savent ce qu'ils font et où ils vont et, contrairement à ce que les détracteurs du genre pourraient penser, TO-MERA ne cède que très rarement au déballage technique. Cela arrive, parfois, il y a bien quelques riffs prise de tête, quelques plans inutiles au clavier, mais le seuil fatidique de la faute de goût n'est jamais atteint. Mes coups de cœur reviennent au piano tantôt romantique tantôt jazzy, notamment sur la chanson « Parfum » ainsi qu'à la batterie quasi-tribale de « Traces » ou encore une fois de « Parfum ».
Pour finir, le groupe se fend d'une chanson-fleuve de seize minutes. On n'échappe décidément pas aux clichés du genre. Cette chanson reste néanmoins une très bonne conclusion à un album de qualité. Et si vous voulez de l'excellent, TO-MERA a ce qu'il vous faut, lorgnez donc du côté de « Born of Ashes », meilleure chanson de ce « Transcendental ».

Pour un premier album, c'est un bon, voire très bon album, doté qui plus est d'une très belle pochette. Il y avait de quoi s'enthousiasmer, mais près de trois ans après, on est en droit de rester sceptique, l'album suivant, « Delusions » s'étant révélé assez décevant.


Note : 3,5/5