ARMAGEDDA est né des cendres encore chaudes de VOLKERMORD. C'était en 2000. Et ARMAGEDDA, avant que son duo fondateur ne décide ensuite de changer de direction musicale (d'abord incarnée en LIK puis LONNDOM) n'aura pas vécu longtemps : grosso modo cinq ans. Toutefois, nos Suédois de Norrland (ça ne s'invente pas !) ont eu le temps de fabriquer deux E.P, de participer à trois splits et de concevoir trois chef-d'œuvres du Black Metal : ''The Final War Approaching'' en 2001, ''Only True Believers'' en 2003 et enfin, le sublime et subliminal ''Ond Spiritism : Djæfvulens Skalder'' en 2004. C'est pour cela que lorsqu'ils ont annoncé leur split, bien des maniacs s'en sont mordus les doigts...

Dès le premier bébé enfanté, ARMAGEDDA fut rapidement classé dans les groupes de ''Trve Black Metal'' copiant DARKTHRONE... Fastoche à dire - et trop vite classé à mon goût. ARMAGEDDA pratique simplement un Black Metal low-fi dans un style Darkthronien, point. Il n'a rien du son nécrotique de son aîné norvégien. Il n'a pas sa folie de 1992, ni son mysticisme de 1993 (enfin quoi que là, je vais vous en parler un peu), ni sa violence exprimée en 1994. Bref de DARKTHRONE, hormis de rester plus ou moins fidèle au style, ARMAGEDDA ne lui est pas totalement assimilable. Par ailleurs, nos Suédois possèdent quelques caractéristiques qui lui ont valu une certaine notoriété : des passages et un son plus Rock que Black Metal, un fond d'Occultisme bien épais et un minimalisme ou plutôt une humilité évidente, en plus d'une qualité de riff indéniable et d'ambiances géniales.

Justement, ARMAGEDDA impose des ambiances digne d'une terreur que les citadins que nous sommes connaissons quand nous retrouvons seuls, au crépuscule, dans une forêt que l'on a exploré la journée... Il ne reste plus que nous, perdus... Nous et cette Nature étrangère, qui semble prête à nous digérer. Une terreur enfantine mais c'est cela qu'ARMAGEDDA me renvoie comme image. Les bois, le crépuscule, le silence de cette Mère-Nature. Un Occultisme ancien - une forme plus âgée que l'Humanité, qui rôde sans bruit au dehors et dont nous avons tancé la voix au dedans... Une Bête assourdie par notre peur.

Donc vraiment, ARMAGEDDA n'a pas grand chose d'un groupe plagiant les maîtres de Norvège. S'ils s'inscrivent dans une tradition certes puristes, nos gaziers possèdent une identité musicale véritable, pétrie d'occultisme, d'ironie et de macabre... Ça grésille certes, mais ARMAGEDDA n'est pas pour autant replié sur lui-même. Ses mélodies sonnent bel et bien d'une manière funèbre, mais elles seront assez facilement écoutables pour la plupart des auditeurs de l'extrême. Et puis comme je l'ai annoncé, la personnalité du trio est déjà suffisamment présente dans ce premier volume pour qu'on ne puisse comparer ces voisins de DARKTHRONE à ces derniers... En outre, "The Final War Approaching" contient quelques perles fabuleuses : ''Deathminded'', première du nom avec son refrain martelé qui accroche, un tube sorti des Enfers ; l'hypnotique ''Sign of Evil'', sacrément mélancolique. ''Skogens Morka Djup'', quatrième étape ésotérique, torturée et qui met mal à l'aise (je trouve qu'ARMAGEDDA exploite très bien cet aspect-là du Black Metal : il a l'Art de fourailler les boyaux comme peu savent le faire), véritable pierre angulaire du full-lenght et qui me rappelle je ne sais plus quel titre de NEHËMAH. Un ''Undergang'' qui thrashe pas mal et dépose une couche de crasse sur l'esprit par dégueulasse... ''Död & Pina' remue lui les viscères et en festoie ardemment tandis que ''My Eternal Journey'', piste mid-tempo grasse et nécrotique achève l'âme avec jouissance...

En somme "The Final War Approaching" annonce, à l'aide d'une identité aux traits déjà esquissés, les deux futures bombes à venir. C'est déjà un très bon disque de Black Metal légèrement Rock, à l'Occultisme latent. "The Final War Approaching" n'a pas aidé en rien ARMAGEDDA à se faire son trou : ces garçons ont du talent. Voilà donc un album qu'il vous faudra forcément acquérir pour ne pas manquer un acteur d'importance du Black Metal !