Certaines recettes ne changent jamais, et même si on les connaît par cœur, on ne s'en lasse pas pour autant. On a beau en connaître les ingrédients, le goût, la saveur, les effluves, elles fonctionnent encore et toujours... On sait qu'on ne sera pas surpris, mais au final, on y revient sans trop savoir pourquoi.

Ce nouvel album de SILVERLANE, qui fait suite à «  Legends of Safar  », sorti en 2006, est l'œuvre d'un sextet originaire d'Outre-Rhin. Le batteur, n'est autre que Simon Michael, qui martèle les fûts dans la prolifique formation de folk-métal allemand «  Subway To Sally  ». Le style du groupe se situe dans différentes sphères qui vont du power-métal au heavy, en passant par quelques touches symphoniques.

Par rapport au précédent opus, les musiciens n'ont pas changé, à part le chanteur qui a cédé sa place à un nouveau venu âgé de 23 ans, Ecki Singer. Ce dernier, insuffle à l'album ce qu'il faut d'énergie pour capter l'attention et le rendre intéressant. Je pense même après mûre réflexion qu'il a trouvé le bon équilibre. Il en fait suffisamment sans trop en faire. Contrairement à certains de ses confrères qui m'horripilent quand ils veulent impressionner et se fourvoient en glapissant inconsidérément, il ne fait pas trop de surenchère dans les aigus, et il parvient à rester juste.

Cet album possède un "je ne sais-quoi" qui le rend attractif. Pourtant, il ne faut pas rechercher ici une quelconque once d'originalité. Les teutons revisitent des sentiers parfaitement battus et rebattus. Si la discographie d'HELLOWEEN, EDGUY ou GAMMA RAY n'a plus de secret pour vous, vous risquez de ne pas être dépaysé. Cependant, là où d'autres formations du même genre sonnent creux et demeurent insipides, SILVERLANE réussit à accrocher. Certes, le groupe ne révolutionne pas le genre, mais il faut reconnaître que sa musique est bien faite.

On se laisse donc prendre aux refrains fédérateurs typés power-métal comme sur «  Wings Of Eternity  » ou «  Full Moon  », bien secondés par une rythmique solide et efficace. Ces deux titres sont d'ailleurs les plus rapides, les autres étant plutôt mid-tempo. Même si on a déjà entendu ça un million de fois, un hymne comme celui présent sur «  The Flight Of Icarus  » est suffisamment bien foutu pour aussitôt se laisser prendre au jeu. On s'imagine même volontiers au guidon d'une grosse cylindrée, les cheveux au vent, en train d'avaler le bitume quelque part où il fait bon vivre.

Les intro sont souvent réussies comme sur le titre éponyme, et ressemblent parfois à une bande originale de film à l'image de «  Serenade Of The Wind  » qui introduit l'excellent «  The Dark Of The storm  ». De même, après une intro orientale et symphonique, constituée par «  In The Desert  », «  Kingdom Of Sand  » s'avère très bon, sans doute un des meilleurs morceaux de l'album et qui se démarque bien des autres compositions.

Les orchestrations, le violon et le piano font des apparitions ici et là qui sont généralement bienvenus, sauf malheureusement, sur les sempiternelles balades. Je me dois en effet de mettre un bémol, sur «  Tears Of Pain  » et «  Slowly  » qui gâchent un peu l'ensemble. Aisément dispensables, elles reprennent tous les clichés en la matière, sans doute destinées à faciliter l'emballage des donzelles encore équipées d'un cœur d'artichaut (ça existe encore ?), ou à vider votre briquet en tanguant comme un culbuto lors d'un concert de Patrick Bruel...

De deux chose l'une:
Soit vous faites partie des blasés, ceux qui ont déjà leurs étagères pleines à craquer de heavy-power-métal teuton ou scandinave. Dans ce cas, il est probable que l'acquisition d'un autre CD du genre ne vous vous touchera pas beaucoup. Il risque même de provoquer une scission dans votre couple, votre moitié en ayant marre de passer derrière vous pour ramasser toutes ces rondelles qui traînent devant la chaîne-Hifi, et qui demeurent incasables. A vous de voir si vous militez ou non pour la paix des ménages...
Soit vous faites partie de ceux qui sont toujours capables de s'émerveiller au son de guitares rentre-dedans, qui vibrent encore à l'écoute d'un chant haut-perché. Vous risquez alors de bondir sur la table du salon, la main sur le palpitant, pour reprendre à tue-tête les nombreux hymnes de «  My Inner Demon  ». Remarquez que dans ce cas là, il n'est pas certain que la paix des ménages soit sauvegardée...

En somme, on pourrait conclure en disant que SILVERLANE, a réussi une mission quasi-impossible. Rendre hommage à toute la frange heavy-power-métal des années 90 en reprenant toutes les (grosses) ficelles du genre, sans trop se planter...

Voilà qui mérite bien un 3,5/5.