WINTER, un bon cheval pour les spéculateurs, une valeur montante, une start-up de la notoriété. WINTER rejoindra-t-il les livres d'histoire ? WINTER fera-t-il faillite d'ici deux, trois ans après avoir vu sa côte grimper de façon insensée ces dernières années ? Il y a de quoi se faire pas mal de sous. Tous à vos portefeuilles-titres, à vos graphiques et à vos équations, dans deux ans, vous serez riches ou ruinés. Achetez, vendez, swappez, mourez !

Petite historique de la valeur :
Rapidement enterré dans les sous-sols du metal alors que le groupe respirait encore, WINTER n'a longtemps rien valu. Rien valu du tout du tout. Un doom death putride qui sent la mort incapable d'intéresser qui que ce soit, étouffé par le talent d'un PARADISE LOST parti à peu près à la même époque et de presque aussi bas, noyé sous sa propre misère. Mais il a suffi d'un changement de tendance, de l'éclosion de quelques enfants sales pour que des petits malins, toujours à l'affût de la perle rare, décident de faire de WINTER leur nouveau poulain. La machine du marketing était lancée et WINTER est devenu l'ancêtre respecté du doom actuel le plus poisseux, qu'il soit funeral ou vaguement black. Peut-être même, aux côtés d'un autre de ces artistes qui connaîtra la gloire longtemps après sa mort, le batave ASPHYX, du death black qui secoue aujourd'hui le pire underground, celui de PORTAL ou NECROS CHRISTOS.

Enfin tout ça n'est que mode passagère et il n'est nullement certain que WINTER ne retourne pas à la terre une fois la vague éteinte. Car WINTER n'a rien d'un génie, il suffit de l'écouter pour se rendre compte qu'il ne sait pas écrire. Des riffs pachydermiques de facture neutre, tout le monde peut en créer. Et quand WINTER accélère, il se plante et même sacrément. Franchement, pomper OBITUARY quand on s'essaie au death, ce n'est pas très malin. Du doom death de WINTER, on ne retiendra donc que le doom. Et on va quand même sacrément s'y intéresser car l'Américain possède un atout maître sans lequel il ne connaîtrait jamais sa petite gloriole du moment. WINTER, c'est un son. De la sciure de cadavre qu'on rapprochera d'un paquet d'orchestres actuels ou plus anciens, je citerai THERGOTHON par exemple. J'ajouterai un penchant industriel minuscule et pourtant clairement audible. WINTER c'est l'hiver à la cave, on n'a pas mangé depuis une semaine, ça rouille.

Reste l'essentiel.
WINTER, futur dieu du doom ou buzz de l'instant qui sombrera à nouveau dans l'oubli une fois le marché assaini ?
Qui pourrait bien prédire de l'avenir ?
L'important, c'est le son ou le riff ?
Cette hypnose de la mi-janvier, est-elle tenace ?
Ne concerne-t-elle que des esprits faibles ?

Rendez-vous dans cinq ans. Personnellement, de nature prudente, je préfère miser sur des chevaux à la valeur plus assurée. Je laisse aux aventuriers de la chronique la possibilité de toucher le jackpot ou de se croûter lamentablement. Ce qui ne m'empêchera pas de suivre avec attention l'évolution de la côte d'amour de cet artiste véritablement particulier, probablement attachant, peut-être unique mais qui, par moments, me rappelle trop les échecs du death old school le moins abouti pour que je le soutienne de manière sincère.