Plus je fouille dans l'underground, plus je me rends compte qu'il suffit de vouloir bien chercher un peu pour trouver de la bonne came et que les gens qui ne font pas cet effort n'ont qu'à aller au diable car ils ne savent pas ce qu'ils ratent – et surtout, je me rends bien compte également comme notre Hexagone est quand même pourvu d'une petite floppée de formations Dooooooomesques. Je n'ai pas eu grand mal à tomber sur THE BOTTLE DOOM LAZY BAND, mais à force de rebondir d'une horde à l'autre, je finis vraiment par me dire qu'en Doom, notre royaume, pardon notre pays n'a pas à rougir dans ce domaine extrême du metal old school. Car THE BOTTLE DOOM LAZY BAND mérite nettement qu'on y jette une oreille, et pas qu'un peu. Si vous aimez le son gras et rugueux, et presque live, si vous appréciez les pères BLACK SABBATH, et les fistons que sont PENTAGRAM, SAINT-VITUS, TROUBLE et CANDLEMASS, alors T.B.D.L.B est fait pour vous.

THE BOTTLE DOOM LAZY BAND est une formation de Doom à l'ancienne, avec de grasses poussées de sludge sur les bords (ça veut dire : pas de trop quand même). Le Heavy/Doom comme on en faisait dans les seventies ou début quatre-vingt, c'est leur trip à nos Poitevins. La première démo, ''The Beast Must Die'', sortie chez Emanes Metal Records, vous pèsera pour sûr sur l'estomac : autant que je vous prévienne, car c'est quand même à du Doom que vous aurez affaire ici. Composé de quatre lourdes pistes, ''The Beast Must Die'' vous infligera une bonne leçon metallique et mettra vos boyaux à rude épreuve, tel un Tullamore Dew... Bénéficiant d'une production honnête (pour avoir été enregistrée dans un garage en deux jours, chapeau !), d'une basse et de guitares serpentines et gorgée de graisse, d'un batteur assurant derrière ses fûts et enfin d'un énergumène au micro qui n'a pas peur d'exposer une voix claire de circonstance (me rappelle un peu celle de Sir Albert Witchfinder) ''The Beast Must Die'' nécessitera plusieurs écoutes avant que l'oreille ne l'apprivoise correctement.

Mais ça commence bien : on sent directement le vieux BLACK SAB derrière ''Howlin' Bottle Doom'', première tranche de lard de l'album. Ce morceau épais de treize minutes balaie facilement ce que l'on trouvera dans les grandes lignes par la suite. Morbide sans excès, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND révèle une maîtrise de l'art du metal qui tantôt balance la sauce tantôt s'appesantit jusqu'à nous ouvrir le tombeau (quelle basse !). Puis vient la bestiale et hypnotique title-track, tournant autour du même rythme – le genre de piste qui vous met en transe et vous prend par le col pour vous faire découvrir des paysages d'horreur... Ma préférée, avec la dernière. C'est ''Out O' Soul'' qui tient la troisième position. On se trouve face à une piste d'à peine trois minutes, où une guitare joue un air mélancolique – une ballade triste sur laquelle la voix éreintée au whisky de BottleBen vient s'attrister, pour que le tout finisse sur un sample de pluie battante : terriblement belle...

Un interlude désespéré avant ''Muddy Love Blues'', dernier acte où le son de la cornemuse de Fëarann (pote jouant dans l'excellent VALUATIR) vient en rajouter une couche niveau mélancolie sur le Doom mastoc de THE BOTTLE DOOM LAZY BAND. ''Un Muddy Love Blues'' absolument titanesque, réveillant par son poids, m'inspirant des visions apocalyptiques – je pense également au passage où les Ecossais de BRAVEHEART enterrent le père et le fils de nuit, au son des cornemuses... Comme si la guerre allait se déclencher, comme si quelque chose s'était terminée et qu'autre chose devait arriver... ''Mudy Love Blues'' est certainement le nectar de cette démo-album et ce genre de piste qu'on ne rencontre pas deux fois.

Sans révolutionner le genre, au contraire, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND rend un hommage à ses ancêtres qu'il admire, sans en faire de trop. Sortez le whisky et les pétard, la nuit va être longue et lourde...
3,5/5