Dire du mal d'Henry Rollins, faut être dingue quand même. Tant pis, j'me lance.
"Come In And Burn", c'est de la chiotte !

Vite, se ressaisir…

"Come In And Burn" possède toujours l'ossature de son chanteur star. Un corps solide, un caractère fort, un esprit décalé inusable… Non, trop difficile.
Tout ça est vrai mais ne nous voilons pas la face, "Come In And Burn" reste un disque bien faible, peut-être le plus faible de la carrière du ROLLINS BAND.

"Come In And Burn" représente le mauvais côté d'Henry Rollins, son côté je-m'en-foutiste. Un côté je-m'en-foutiste présent sur la plupart de ses réalisations, un côté je-m'en-foutiste qui donnera tout son caractère aux débuts de son projet musical, transcendera de son feeling ovniesque "The End Of Silence", canalisera de son écriture adroite, même si terriblement putassière, "Weight". Un côté je-m'en-foutiste qui n'apporte en 1997 rien de bon. On pourrait se satisfaire de la mise au rebut de la fusion orientée radio qui fit de l'opus de 1994 le succès public et le semi-échec artistique que l'on connaît. On pourrait se satisfaire de cette nouvelle envie de bœufer et de ce laisser-aller qui a finalement toujours contribué à la légende du monsieur. Malheureusement, quand le laisser-aller ne lutte pas pied à pied avec la hargne de l'asphalte, il coule sur les chaussures et ça tache.

"Come In And Burn" dégouline même. Il dégouline d'un ennui palpable chez des instrumentistes qui, plus encore qu'un frontman encore capable de s'accrocher à un organe vocal qui fait mouche malgré son refus (ce n'est plus une surprise tant la direction prise à partir de "The End Of Silence" paraissait définitive) de rager, se trouvent en pleine déliquescence. Aucune grande idée, trop peu de riffs correctement tenus, une rythmique qui suit le mouvement baissier sans oser se rebeller, un quasi-désastre. Et le pire provient d'un manque de patate condamnant automatiquement un artiste qui porte encore, bien qu'il en ait perdu depuis longtemps les stigmates, l'étiquette hardcore.

Le ROLLINS BAND sait que la stature de son chanteur lui garantit une certaine postérité, quoi qu'il fasse ou ne fasse pas. L'histoire retiendra le passé de l'orchestre, son avenir n'a pas de valeur. Alors il se repose naturellement sur ses lauriers et devient le plus féroce partisan du moindre effort, voire du pas d'effort du tout. Jolie visite du trou du cul de l'inutilité qui possède au moins un atout, sa quasi-linéarité. Et "rejection" clôture la promenade sur un bon point, il nous invite à nous barrer pour ne jamais revenir. Il est des galettes imbitables qui nous font le coup du bon morceau en fin de bobine histoire de nous donner mauvaise conscience. Pas de ça ici, on est content d'en avoir terminé. Et juré craché, on n'y reviendra plus. Parce que très sincèrement, voir Henri Rollins travailler pour le minimum syndical a de quoi désespérer son homme.

Conclusion positive, optimiste et enjouée, Henry Rollins est un être humain. Il est parfaitement capable de faire dans l'insigne médiocrité quand il le veut (ou quand il ne veut rien), on est rassuré et on retourne à "The End Of Silence" fissa !