Des ténèbres. Un grand désir de tuer – avec sadisme, avec folie, avec sauvagerie. Des flammes. Le bois qui y crépite. Une demeure en ruine. Le bruit du vent et le bruit des feuilles mortes. La lune et le brouillard... Des livres impies évoquant les Démons, Satan et des mystères que seuls les premiers hommes pouvaient connaître... Le silence. Une haine pour notre monde, notre humanité et ce qui nous attend : notre mort par auto-destruction. Du silence à l'extérieur mais le feu de l'Enfer rugissant en soi, fouillant les boyaux, donnant la fièvre. Le sentiment... de ne pas être de ce monde. De ne pas lui appartenir. De ne pas s'y reconnaître - ou bien, on aimerait à ne pas devoir accepter que l'on en fasse partie. La vie... est un court moment de l'existence : l'éternité du Néant après le passage à trépas est infiniment plus lent... Le Temps n'existe pas, c'est un simple repère pour l'esprit humain. Alors... Vivre ? Exister ? Quel sens donne-t-on à cela ? Rien n'est défini. Il n'y aura comme seul sens et comme seule direction que ce que l'on voudra avoir, avec plus ou moins de chance – tout le monde ne naît pas à la même enseigne. Finalement... Une vie de ténèbres : pourquoi pas ? Ne seraient-elles pas plus accueillantes que ce monde aliéné, fou, qui ne cesse de s'accélérer, de pourrir sur place, de salir et détruire, où les hommes se multiplient comme la vermine prolifèrent ? Les ténèbres n'ont jamais refusés quiconque... Et surtout pas OBSCURO qui les a choisi comme compagnes et Muses de son Black Metal.

OBSCURO me rappelle MURK ou NEHËMAH et c'est tant mieux. OBSCURO le duo Suédois ne fournit pas un Black Metal hyper véloce ni agressif, il est même un peu dépressif, agonisant et épais comme les Ténèbres : il est organique, s'insinuant dans les moindres méandres de votre (mon) être. ''Where Obscurity Dwells'' est une lente descente dans les Abysses de l'Être. Si OBSCURO ne travaille pas d'une manière trop personnelle son Black Metal, il en fait toutefois quelque chose d'intéressant à l'écoute, développant des atmosphères nécrotiques délicieuses, instaurant une ambiance cocoonesque : l'épaisseur organique de sa production rondouillette met à l'aise pour s'imprégner du malaise palpable que les guitares dessinent avec flegme. Les mélodies sont hypnotiques et le rythme métronimique de la batterie plongent avec facilité l'esprit dans un Royaume souterrain putride et néanmoins poétique... OBSCURO nous ramène aux folles nuits des débuts du Black Metal...

''Where Obscurity Dwells'', premier full-lenght du combo suédois né en 2001, est sorti en mai 2008 chez le fameux et respectable label Drakkar Productions, que je salue au passage. Depuis, chacune des écoutes de l'album ne cesse de me fasciner : l'ambiance ici déployée est vraiment trippante, la production particulière y contribuant fortement. Les guitares sont accordées bien bas, de concert avec la basse, et cette voix très humble, légèrement démoniaque et qui déclame, sied à merveille à ce Black Metal pestilentiel. Les compositions ne sont pas transcendantales dans leurs structures : l'efficacité, avant tout ! Et celle-ci passe... par l'ambiance.

Mais la guitare chante un conte macabre qui nous conduit à la mort. Elle distille des accords entêtants - mélodiques même ! OBSCURO fabrique un Black Metal avec trois bouts de ficelle mais étonnamment, cela fonctionne avec un succès certain. La production en cause est elle aussi peut commune... Bref, OBSCURO et son ''Where Obscurity Dwells'' emmènent l'esprit dans un autre monde, tout nécrotique, de terre ancienne, à une autre époque : il réussit brillamment son pari.

Vous ne chercherez donc pas dans cette release quelque chose d'exceptionnel en terme de nouveauté. Mais le style et le son sont très intéressants et très capables de faire décoller pour des profondeurs abyssales l'esprit qui y sera prêt. Une bien bonne découverte à faire. 3,5/5.