Venu du Québec (en effet la scène québéco-canadienne s'est réveillée avec force depuis quelques années déjà : une flopée de formations émergent de ces paysages magnifiques), MONARQUE m'a tapé dans l'oreille dès la première écoute. J'ai néanmoins pris du temps pour l'écouter et rentrer dans son univers avant de pondre cette chro, car avec ce Fier Hérétique, mon cul restait entre deux chaises. Et mes fesses ont choisi de se déplacer sur la chaise du bon opus en fin de compte. Car notre bon MONARQUE, s'il résonne parfois un tantinet « mainstream » et s'il a bien du mal à se départir de ses influences, a quand même quelques atouts dans ses manches qui le placent... un tantinet au-dessus des kyrielles de groupes qui inondent le petit monde du Black Metal. Notre one-man-band chantant en français est aidé pour mettre en forme ce Fier Hérétique par le batteur d'UTLAGR (autre groupe qui se fait un nom lui aussi) dans cette release qui nécessite une attention particulière - un explosif sonore bien noté voire très bien noté par la critique spécialisée.

On retrouve dans MONARQUE un peu de tout : un peu d'IMMORTAL, du BELENOS peut-être, du Black-Death des familles de temps en temps. Les scènes françaises et canadiennes forcément feront également penser à la musique répandue comme la peste par notre bon MONARQUE. En fait, MONARQUE sonne 'Black Metal moderne' avec une bonne couche de 'dépressif', sous genre très à la mode aujourd'hui – on verra donc si MONARQUE tient la route d'ici quelques années, s'il sera encore là ou pas. Néanmoins, ce fier MONARQUE hérétique se débrouille pas trop mal, avec son Black Metal ambiancé, ses quelques parties blastées alternant avec d'autres plus calmes, avec ses mélodies recherchées et une haine pas trop contenue. La mélancolie et un sens du tragique résonnent également avec puissance dans cette oeuvre longue de trente-deux minutes et quelques. De temps en temps on se sent même submergé par un chaos apocalyptique savoureux... Sorti chez Mankinds Demise Records, Fier Hérétique de MONARQUE comporte une intro et une outro inutiles, et cinq titres dont un acoustique.

Après une intro inutile et bien trop courte, Fier Hérétique déclare les hostilités avec la piste éponyme, toute en tension. Cette avalanche de coups ne laisse rien présager de la suite : on saisit des paroles audibles et que quelque chose de bon est en train de passer, là. On pige aussi que ce Black Metal se veut fier, c'est vrai. Mais hérétique non, car MONARQUE ne propose pas grand chose de neuf : il compose déjà bien et c'est un bon point. Le Vent du Nord souffle ensuite. Il fera penser à un titre de BELENOS, mais il est totalement prenant. Même s'il reste prévisible, je me trouve plongé à son écoute dans un univers en nuances de gris – parfait pour accompagner ma noirceur du moment. Les passages lourds et lents sont particulièrement bien sentis. La batterie y tient son rôle avec justesse. Peut-être le meilleur de l'album ? Peut-être pas car le suivant, Passage dans la Vallée, vaut son pesant de cacahuètes. Cette histoire est racontée à la guitare acoustique (électro-acoustique?) sur laquelle descend le roulement de l'orage sur les pentes environnantes que la pluie arrose abondamment... Sans en faire trop, MONARQUE montre toute la magie de son inspiration et son talent de guitariste. Vraiment excellent, vraiment envoûtant. Extinction va alors nous réveiller d'abord menaçant et pesant, presque Doom avant de relever la tête et de nous tabasser gentiment. MONARQUE nous écorche avec sa voix râpeuse. Le mid-tempo puissant structure avec efficacité cette braise ardente : encore un bon titre ! De plus, cette fausse lenteur permet de comprendre toutes les paroles et de se laisser envahir par les ambiances fin de siècle. Puis c'est au tour des Marches Funèbres de prendre place. Tout en atmosphères spectrales voire nostalgiques, cette track me fait immanquablement penser à du CELESTIA (il y a même un riff faisant penser à un autre du Sumerian Daemon de SEPTIC FLESH tiens!). La Nostalgie et le Romantique vous saisissent... C'est bien foutu, encore une fois.

Sans ces intro et outro qui n'apportent rien à la chose, et un manque apparent de personnalité qui fait grincer des dents, Fier Hérétique aurait atteint sans difficulté le 4/5. Je laisse donc à 3, ce qui n'est pas trop mal pour un premier album. Nul doute que le MONARQUE accouchera bientôt d'une nouvelle création. En attendant, les amoureux des opus un peu dépressifs, lyriques voire romantiques apprécieront.