Comment faire découvrir ce monument du death qu’est Mortician (excellent nom de groupe soit dit au passage) ? Pas évident, tant la première écoute peut se révéler déconcertante et provoquer rapidement le rejet pur et simple. Il est vrai que l’univers de ces américains légendaires au style inimitable, mêle allègrement riffs ultra-basiques, vocaux gutturaux quasiment inaudibles, passages brutaux et … des cannibales, des zombies et des meurtriers en série ! Entretien-type au fin fond du Texas dans une ferme délabrée, écrasée sous un soleil de plomb, des cris inquiétants se faisant parfois entendre dans le lointain...

Dès les premières « notes », l’auditeur peu coopératif pourra rapidement s’étonner des multiples extraits de films qui introduisent fréquemment les titres, extraits puisé dans le prolifique cinéma d’horreur américain : « Aaah, en fait c’est une BO ton truc » ; puis viendra le classique « on n’entend rien, il faut que tu règles tes basses ». Après un coup d’œil injecté de sang sur une hache traînant dans le salon, des traces rougeâtres sur la lame, la réplique cinglante (sanglante) fuse : « elles sont réglées, c’est le « son » Mortician. Les guitares sont sous-accordées ce qui donne un effet particulièrement caverneux » ; effet accentué par des vocaux gravissimes pour lesquels le qualificatif d’ « outre-tombe » semble avoir été inventé. L’impression générale est que Chainsaw Dismemberment (quel titre quand même !) vient directement des profondeurs d’un cimetière : une production opaque, dégradée, ensevelie sous des monceaux de terre, qui se fraye un chemin vers la surface en écartant cercueils et corps en décomposition. « Bon, désolé j’accroche pas, mais je pense que … ». Les paroles de trop. Le reste de la phrase est couvert par le bruit du moteur d’une tronçonneuse et des hurlements.

Laissons notre ami texan à son travail chirurgical et résumons-nous. Mortician incarne le death dans sa plus simple expression : des riffs méga lourds et simples, enchaînés à une boîte à rythmes alternativement réglée sur « encéphalogramme plat » ou « épilepsie ». Niveau composition, le groupe est très proche de Cannibal Corpse, mais allégé (oui, c’est possible) : c’est du Cannibal en moins varié, plus répétitif, et complètement addictif. Parce que lorsque l’on parvient à accrocher à cette mixture sourde, gore et evil c’est bon, jouissif même et un sourire béat ne quittera pas votre face tout au long de l’écoute. Du fait de sa non-musicalité, Mortician reste toutefois réservé à une « élite » de musicos, gravement atteints et susceptibles d’accrocher à un mélange dévastateur de lourdeur, d’intensité et d’horror movies. Si vous avez survécu à cet ensevelissement jetez également une oreille sur Zombie Apocalypse, sans doute leur album le plus réussi.