Une journée comme il en arrive. Des heures de lit à l'heure féminine. Du partage à faire bouillonner l'affect. La culpabilité d'une surexposition émotionnelle. Un dépôt amoureux qui fera bientôt souffrir. A force de commettre le pêché de sentiments, on se pose la question de sa propre prostitution affective. Ca va mal, retrouvons vite une source d'inhumanité afin de purger toute cette bile passionnelle envers Elles.

J'ai décidé d'y aller au marteau-pilon. J'ai zieuté rapidement du côté de XASTHUR, ABSONUS NOCTIS et LEVIATHAN en pensant une demi-seconde que la solution se trouverait dans le néant dépressif, j'ai préféré la manière forte, brutale. ANGELCORPSE peut-être ? Non, je n'ai rien d'eux sous la main. Tiens, ANAAL NATHRAKH vient de sortir un nouveau missile post-nucléaire. Voilà qui est plus que parfait. Un partisan du tout agressif. Mes oreilles souffriront 35 minutes et 56 secondes, je me transformerai en bête immonde, en imbibé bas du front, en Musclor de cour de récré. J'oublierai mon horrible penchant sensible.

Yeah, c'est parti !

Une intro prélude à l'apocalypse sonore, ça s'annonce vraiment bien. Mes acouphènes vont en ressortir grandis. Premier assaut, un riff death testostéroné, toujours cette voix de bodybuildé black, une batterie punitive, 200% démolition. Je me sens mâle. Je regrette le chant emprunté aux chantres du viking metal qui aère un titre qui n'a que faire de respirer. Ce chant viking, la caution musicale dans ce magma de bruit et de fureur.

ANAAL NATHRAKH n'a pas changé, il est toujours ce poing dans la gueule avec bagues de combat richement serties qui ont fait de ce duo de malades le nouveau PANTERA. Oui, le nouveau PANTERA (celui de "Far Beyond Driven") version black death plus une touche de hardcore. Richement serties grâce à une orchestration travaillée à l'extrême et le mur du son assène ses coups de tatane grâce à un attirail impressionnant. Et pour aller de pair avec cette versatilité instrumentale, V.I.T.R.I.O.L. nous écorche les tympans de mille façons différentes, black, grind, brutal death. ANAAL NATHRAKH ne manque pas d'arguments, l'auditeur masochiste devient ici, comme sur "Eschaton", victime d'une ratonnade bestiale mais intelligente (pour une ratonnade s'entend), ultra-violente avec une pincée de classe délicate (ce chant à la viking et ses mélodies bien senties). Juste une chose, "Hell Is Empty And All The Devils Are Here" cogne a priori moins fort que son aîné, une production moins cataclysmique. A posteriori, le résultat est le même : triple KO !

La démonstration est donc belle et bien identique à celle du disque précédent, ANAAL NATHRAKH te démonte la gueule avec méthode et savoir-faire. Mais vous voyez, mon objectif n'est pas atteint. Car avec ces deux énergumènes britanniques (accompagnés du gracieux Shane Embury qui rempile donc dans la machine à broyer), on est victime. On ne se croit pas fort, on subit, on subit et on subit encore. Et voilà, je suis à terre, la tête en vrac, les oreilles qui sifflent et je pense toujours à Elles. Torture inutile, bonne nuit, une aspirine et au lit !