Le monde du métal a été secoué par la vague de métissage stylistique qui s’opère depuis pas mal d’années maintenant. Le mélange de différents genres est donc à l’honneur, en ce moment, et permet bien entendu de s’acquérir un public plus large, tout en expérimentant des choses « nouvelles ». Néo métal, rap métal et consort sont issus de ces hybridation, pas toujours du meilleurs goût… Le thrash n’échappe pas à cette tendance, et se modernise lui aussi, faisant parfois copain copain avec le néo. On aime, ou on n’aime pas…

Dans un style assez (très ?) proche de Machine Head ou de Trivium, le groupe nous assène un bon album de thrash, comme on l’aime. Guitares saturées avec classe, riffs ravageurs, batterie puissante et enlevée, tous les éléments sont ici réunis pour que la fête soit complète. Shadows, pour les intimes, nous offre un florilège de riffs de grande qualité à l’image de « Venomous », dans le pur style old school. Les rythmiques sont monstrueuses, et les attaques guitaristiques cinglantes; les headbangueurs de tous poils seront ravis. D’autant que la batterie n’est pas en reste, usant de façon judicieuse –quoiqu’un peu systématique- la double pédale pour majorer la puissance générale du son.

Mais le groupe n’en oublie pas pour autant les mélodies, et on ne peux qu’apprécier l’effort fait par le groupe à ce sujet. Si les couplets, comme dans nombre d’albums de thrash, sont souvent quelconques, les refrains sont en général bien trouvés, et on sent la volonté du groupe de se renouveller à chaque chanson. On notera ainsi quelques breaks bien trouvés (« Final Call »), des voix gentillettes sur « Just Another Nightmare », et l’apparition furtive de guitare acoustique sur certains morceaux, notamment l’instrumental « the Great Collapse ». Le groupe ne s’endort donc pas sur ses riffs ravageurs, mais travaille au maximum ses compositions. « Burning The Lives », avec sa seconde guitare originale, fait mouche, et de très loin. On trouve aussi, furtivement cachée, une petite ballade, somme toute sympathique, rappelant les essais de d’Annihilator dans ce style.

Que reprocher, alors, à un disque pareil ? Sa pochette ? Ce serait mesquin… Un peu de recul s’impose. Et finalement, c’est l’homogénéité d’un pareil ouvrage, qui vient lui faire défaut. Une impression de « déjà entendu » nous tenaille tout au long de l’album, et c’est bien ce qui l’empêche de devenir un classique du genre. Cet album est très bon, certes, alliant technique et mélodies de main de maître, mais manque quelque peu de fraîcheur, et d’un petit « je ne sais quoi ». Un manque de nouveauté assez dommageable pour un album regorgeant de bons titres, et pour un groupe qui commence à prendre de l’âge.

Rien de bien grave, cependant, et cela ne l’empêchera pas de rester un temps non négligeable dans votre platine. Les amateurs seront aux anges, à n’en pas douter.