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BLACK METAL  |  STUDIO

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- Style : Thyrfing, Waylander
 

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SUIDAKRA - Caledonia (2006)
Par BAST le 24 Mai 2007          Consultée 6437 fois

Un guerrier Germain, seul sur la plaine, impeccablement mis, paré d’une armure entretenue malgré plusieurs années d’inactivité et d’un heaume scrupuleusement gardé de la rouille. Le port de l’homme était droit, on sentait de la force dans ses épaules jetées en arrière.
Il observait deux guerriers joutant férocement en contrebas, sur ce champ battu par les pas métalliques de plusieurs jours de combat, sur cette terre gorgée de sang encore chaud. Celui qui allait prendre l’avantage d’ici peu était connu de tous. Il n’était pas un seul guerrier qui ne désirait l’affronter. Le terrasser, c’était la richesse assurée. La foule massée sur les gradins n’avait d’yeux que pour lui, l’encourageant de vociférations exaltées.

SUIDAKRA ne comprenait pas. C’était lui qui tenait cette place, jadis. C’était lui que l’on venait défier, la morgue aux lèvres que démentaient un immense respect dans le regard ou une peur expulsée trop lentement par les gouttes de sueur. C’étaient ses prouesses que la foule se disputait.
En contemplant ENSIFERUM triompher avec grâce (son adversaire du moment avait su s’avouer vaincu à temps, il aurait la vie sauve), SUIDAKRA ne concevait pas que le succès ait pu le bouder aussi brusquement, favorisant dès lors ENSIFERUM.
Parce qu’il était Germain, voila tout, et que ses ancêtres n’avaient pas inventé la rame à faire voguer le drakkar !

Si SUIDAKRA demeurait un guerrier de son temps, il n’avait pas pour autant rejeté les us et coutumes que le progrès n’avait pas manqué de faire naître périodiquement.
C’était ainsi que, tout comme nombre de ses contemporains, il consultait un sage. Et fort heureusement, car SUIDAKRA n’avait plus que Nimenus à qui confier son désarroi sans porter atteinte à son honneur. Le sage l’écoutait et lui prodiguait ses conseils. Parfois, il lui prescrivait des feuilles qui chassent le vague à l’âme. Et quand rien n’y faisait, il confiait la nuit du guerrier aux mains expertes de sa fille. Mais même elle se pâmait parfois en éructant le nom infâme du Suédois !

La consultation du jour était encore plus importante pour SUIDAKRA, lui qui venait de confier à ses trouvères attitrés le soin de dispenser aux quatre coins de l’Europe sa parole afin qu’on lui confiât de nouveau les faveurs d’un royaume, quel qu’il fût. Des trouvères dont le retour en Germanie ne s’était pas accompagné de la gloire escomptée. Il avait pourtant mis toute son âme dans cette huitième ode à sa confession païenne.

Le sage, assis en tailleur à même le sol, contint un soupir lorsque SUIDAKRA pénétra d’une foulée lasse sa demeure. Puis, constatant combien le regard du guerrier était lourd, il l’invita à s’asseoir d’un geste.

- Ma fille n’est pas ici, signifia le sage, tandis que SUIDAKRA prenait place sur une chaise. D’autres... errances nécessitent ses talents.

Abattu un instant auparavant, une flamme s’embrasa soudain dans le regard du guerrier. Nimenus resta de marbre. En sa qualité de sage, il savait prédire chaque réaction du guerrier.

- Que n’ai-je à faire de ta fille ! vieil homme, tonna-t-il. Crois-tu que ses lèvres auront l’ aptitude nécessaire à consoler mon tourment, alors que mes trouvères s’en retournent déjà, appréhendant ma réaction à l’annonce de leur revers ?
- Ce revers est le tien, guerrier, contra abruptement Nimenus. Tes trouvères ne sont que la représentation charnelle de tes airs. Ils n’agissent que selon tes directives et nombreux du reste sont les compositeurs à t’envier leur inestimable qualité d’interprètes. Ce sont bien tes mélodies qui n’ont pas su toucher leur auditoire comme tu l’attendais. Sache donc faire preuve de davantage de discernement dans cet écueil, aussi fâcheux s’avère-t-il.
- Je ne le sais que trop, fit SUIDAKRA, apaisant d’un seul coup son courroux. Je ne sais que ça, d’ailleurs. Combien de temps faudra-t-il avant que la place qui est mienne me soit restituée ? J’étais déjà homme aguerri et nanti d’exploits quand ENSIFERUM s’exerçait à la quintaine !
- Je ne suis pas versé dans tous les arts. La musique en est un qui échappe à mon entendement. Pourtant, il me semble qu’ENSIFERUM emploi des éléments de manière mieux agencée que toi.

Nimenus se leva puis s’empara d’un tisonnier à l’aide duquel il ranima le feu de cheminée. Les flammes se bombèrent et accompagnèrent de leurs mouvements voluptueux des étincelles crépitant dans l’âtre.

- Tes premières mesures me semblent bien trouvées lorsque tu vénères les « Highland Hills ». Je dois même t’avouer que j’ai cru un instant te voir revenir en odeur de sainteté.
- Pfuuu ! cracha le guerrier. Evite de parler de saint devant moi, je t’en conjure.
- Bien. Pardonne cette expression. Mais que veux-tu, le courant chrétien attire nos jeunes qui voient en lui un moyen de s’extirper de ce qu’ils jugent comme étant du conservatisme. Les filles pensent qu’avec la vénération de Jésus, elles sauront trouver le courage pour s’émanciper un peu de la domination des hommes. On dit même que les vêtements se sont raccourcis, ajouta-t-il d’un air goguenard. Sais-tu que certaines dénudent leur cou ?

Le regard pesant du guerrier suffit à faire revenir sur le visage du sage la placidité seyant à sa fonction.

- Que te disais-je donc ? toussota le sage. Oui, ta première ode m’ a incité à croire que les choses pouvaient évoluer en ta faveur. Rien d’ailleurs n’a enclin mon jugement à condamner tes compositions. Elles sont bonnes, très bonnes même. La cithare éclectique dont tu uses me semble bien en place. Riche, même. J’apprécie aussi les tabors et autres claquettes qui rythment ta musique. La cithare sèche est l’une des forces de ton art, « Ramble » le démontre. De même que les ambiances martiales qui foisonnent çà et là. A ce propos, dénicher des trouvères capables d’imiter par leur simple organe vocal autant de sonorités est tout à ton honneur. Finalement, la critique la plus marquée dont mon modeste avis pourrait se faire l’écho concernerait les chants clairs. Ne seraient-ils pas un peu trop utilisés ? En tout cas, je ne les juge pas assez bons pour prétendre à figurer en aussi bonne place sur « Caledonia ». Ils font perdre en accroche. Encore ta fichue obsession envers les dieux Païens, je présume. Que n’avais-tu besoin de l’exprimer de manière aussi prononcée ! On frise l’indigestion ! J’ajouterais en outre que certaines de tes compositions se montrent moins séduisantes que les autres. Je pense notamment à « Drawing Tempest ». L’inspiration, dirait-on, continua le sage en riant doucement, t’a fait cocu plus souvent qu’aucune femme n’avait jamais osé le faire !

Le guerrier semblait accuser le coup. Entendre les critiques d’un autre, aussi érudit soit-il, aurait normalement suffi à lui faire monter la moutarde au nez, surtout lorsque sa virilité était ainsi évoquée. Mais il était las. Ces critiques, d’aucuns s’étaient déjà permis de les lui faire. Oh non, pas directement ! Ils les lui avaient rapportées après avoir, disaient-ils, entendu l’un ou l’autre racontar récolté sur la place publique. SUIDAKRA n’était pas dupe pour autant. Bref, il savait déjà quels étaient les reproches susceptibles d’accompagner sa musique.

- Constatant l’abattement de SUIDAKRA, le sage se ressaisit. Pourtant, l'impétueux « The Distant Callt » se montre superbe, avec ce choriste viking talentueux et ce refrain entraînant. Et j’aime assez la façon dont tu consacres aux mélodies les plus traditionnelles ces instruments à vent, comme sur le fédérateur « On Toprrid Sand ». Sais-tu qu’à entendre ce morceau, j’ai manqué renier mon ordre et m’engager dans ton armée ?

Le trait d’humour suffit à détendre un peu le guerrier. Nimenus s’engouffra dans la brèche.

- SUIDAKRA, fit-il brusquement. Son ton était devenu impérieux et l’attention du guerrier se renforça davantage. Il faut cesser ces rêves de reconquête. A vouloir faire ressurgir le passé, tu te prives d’autres exploits. Il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur. Mais les suivants n’ont jamais à rougir, si leur conduite est marquée du sceau de l’honneur. J’ai appris deux nouvelles intéressantes, guerrier, continua-t-il d’une voix plus apaisée. Ta huitième ode a trouvé de nombreux amateurs. Et ceux-là, tu ne peux les décevoir. La seconde est la suivante : ENSIFERUM a beau savoir la haine que tu lui voue, il t’a pourtant choisi pour le seconder lors de ses prochaines batailles (*).

Si cette annonce fit de l’effet sur SUIDAKRA, il n’en dévoila rien.

- Tu ferais bien d’accepter. Ton avenir en dépend. Je serais chagriné de te voir emprunter le même chemin que THYRFING. Il a eu beau punir de sa propre lame ses troubadours sous couvert d’incompétence, le discrédit est dorénavant jeté sur lui et lui seul. Ta place, il se pourrait bien qu’il te l’envie, à l’avenir. Songes-y. Évoluer dans l’ombre, c’est la possibilité de briller au premier rai de lumière.

Apaisé, SUIDAKRA ne l’était pas. Il lui faudrait du temps avant que quelque baume fût capable d’étouffer la nostalgie de sa gloire passée. Il revint sur le champ de bataille où les guerriers continuaient de s’affronter en des joutes moins amicales qu’elles n’auraient dû l’être, comme l’attestait le sang versé en abondance. Il devait s’enquérir de l’état de santé de son nouveau maître. Son premier maître. L’avenir en dépendait. Car SUIDAKRA le savait pertinemment, il accepterait le poste proposé par son ennemi juré. Mais c’était pour mieux renaître, car l’espoir de se voir de nouveau l’objet des faveurs royales ne l’avait pas quitté.

Un autre guerrier, une autre plaine, plus loin. Le même regard emprunt de mélancolie. MITHOTYN ne comprenait pas. Il commençait de cruellement regretter tous les sages exécutés de ses mains, eux qui avaient osé lui dire la vérité. Eux qui lui avaient pourtant fourni les clés d’une destinée bien moins médiocre que ce quotidien inacceptable. Il regrettait de n’avoir plus aucun conseil sur lequel se reposer.

(*) SUIDAKRA a fait la première partie d’ENSIFERUM, sur sa tournée européenne (le royaume franc n’en a pas bénéficié). A l’heure où j’écris ces lignes, tout semble s’être bien déroulé, quoique l’équilibre des forces ne soit toujours pas à l’avantage de SUIDAKRA.

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- Arkadius Antonik (guitare, chant)
- Marcel Schoenen (guitare, chant)
- Marcus Riewaldt (basse)
- Lars Wehner (batterie)


1. Highland Hills
2. A Blackened Shield
3. The Ember Deid (part Ii)
4. Evoke The Demon
5. Forth-clyde
6. Ramble (instrumental)
7. Dawning Tempest
8. The Distant Call
9. On Torrid Sand
10. The Ixth Legion
11. Farewell



             



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