2006 n'a sans doute pas été un excellent cru en matière de Viking Metal.
C'est sans doute la conclusion que je peux tirer de ces douze mois de recherches actives, et de cette poignée de trouvailles parfois passables, parfois assez réjouissantes. Alors que je laisse pour le moment (car qui sait, je ne suis pas à l'abri de me rendre compte plus tard qu'un album de la foudre de Thor m'est passé sous le nez ) le Canada vainqueur grâce au scalde de SIG:AR:TYR. Vient ensuite… sans doute la cervelle javellisée du Norvégien de SORGSVART. Pas de troisième place si besoin de troisième place il y a. Derrière apparaît la série de bons divertissements plus ou moins pertinents que XIV DARK CENTURIES, RUNIC, GALAR, BLACK MESSIAH, FIMBULTYR et compagnie nous auront fournie, et d'autres albums moyens et mauvais que je n'ai pas envie de citer, histoire de pas trop m'étaler sur ce qui est censé être une courte introduction?

Alors tout ça pour dire que peut être, on pourrait espérer un petit sursaut de fin d'année en tournant la tête de 162 degrés en direction du pays de Valfar, du côté de MYRKGRAV, one-man-band (encore un !) qui sort ici son premier album à la pochette WINDIRienne plutôt jolie et au titre KAMPFARien plutôt…Norvégien.

Deux noms du black metal vikinguisé qui viennent taquiner notre partie moelleuse supérieure à l'écoute de ce Trollskau, Skrømt og Kølabrenning. Peut-être même davantage le premier nom que le second, comme MYRKGRAV fait partie de cette 'nouvelle école' initiée par tonton WINDIR, et qui se cherche quelque part un nouveau représentant (ou est ce seulement les fans dudit groupe qui essaient de retrouver ce qu'ils ont perdu). Après une première démo (entièrement téléchargeable) très ancrée dans les racines Black Metal nationales, ce nouvel album tend à s'abroger quelque peu de ce qui pouvait rester de moderne ou de funèbre dans sa musique pour s'éprendre de divagations ancestrales.
Pas seulement par l'ajout d'un clavier relativement discret (et pas toujours des plus utiles), mais aussi par l'écriture plus soyeuse des riffs, tantôt mélodieux et célestes, tantôt forcenés et acerbes (rappelant par ailleurs autant KAMPFAR, ENSLAVED que BELENOS).
La superposition de deux, voire trois pistes de guitares donne forcément une impression de densité à l'ensemble, pratique n'étant pas des plus novatrices mais utilisée de main de maître par le jeune Norvégien. Peu de breaks acoustiques, ce qui change un peu et ne manque pas tant que ça à l'album, les passages instrumentaux se faisant toujours au moins pertinents, si ce n'est admirables ("Mellomspel").

Je finis par le meilleur, le travail sur les chœurs, particulièrement honorable. Souvent fulgurants de clarté et de splendeur, comme le début merveilleux " Fela Etter'n Far", cette légère bise suave et nostalgique dans " Om Å Danse Bekhette", fervents sur "Olav Tryggvason" ou " Tre Skygger...", des plus évasifs sur "De To Spellemenn"… et j'en passe (et le Norvégien quand même, quelle langue).

Un album animé par une fierté païenne retranscrite avec justesse sur quarante minutes dont on ne se lasse pas…
Forcément, ça vient titiller le top de l'année 2006 tout ça ! Juste, profond, subtil ou brutal, barbare et poétique à la fois, et finalement pas si proche de ses grands frères (et surtout de son défunt cadet) qu'on pourrait le croire aux premières écoutes. MYRKGRAV réalise le meilleur des départs, et tendra sans doute à affiner sa personnalité par la suite.