Je terminais ma chronique de The Vermin Breed, le précédent album d'AFTER ALL, par « le genre de disque idéal pour patienter entre la sortie de deux grosses pointures ». Il y a quelques mois, SLAYER a sorti Christ Illusion. Un album que tout le monde attendait. Pour ma part, je l'ai trouvé fade et inintéressant. A milles lieues des Reign In Blood et autres Seasons In The Abyss. Alors, The Vermin Breed aurait pu servir d'amuse-gueule en attendant le retour du Maître, mais ça n'a pas été le cas. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que SLAYER ne reviendra jamais à son meilleur niveau, ni aucun des groupes qui ont fait le thrash-metal de la belle époque (je pense à METALLICA notamment). Mais sans ses piliers, ses fers de lance, que deviendra le thrash ? Un genre voué à l'oubli ? Des fans frustrés qui écouteront en boucle leurs disques fétiches sortis avant 1990 ? Des mastodontes qui continueront de se réveiller tous les trois ans pour entretenir le culte et faire rentrer la monnaie ? Que nenni ! AFTER ALL retrousse ses manches et vient donner un gros coup de pied dans la fourmilière. This Violent Decline ? Une démonstration de thrash pur et dur en onze leçons !

Aujourd'hui, il y a deux façons de faire du metal : jouer ce que jouaient les pionniers de la musique saturée, souvent en moins bien, rarement en mieux, ou alors tenter de se démarquer des influences trop flagrantes pour tailler son propre chemin et inventer un style. Les groupes de la deuxième catégorie sont rares, et AFTER ALL n'en fait pas parti. Les belges officient dans un registre proche des premiers METALLICA, le tout avec une production moderne, puissante, et un mixage à la hauteur du groupe à qui ils sont comparés. Il faut dire que Fredrik Nordström s'y connait en matière de puissance puisqu'il s'est occupé d'IN FLAMES, ARCH ENEMY ou encore SOILWORK. Pas de quoi s'étonner, après ça, d'avoir une double-pédale monstrueuse, des riffs qui-t'arrachent-la-gueule, et un chant finalement pas si éloigné que ça du death mélodique, et plus particulièrement de celui de la belle et blonde Angela (ARCH ENEMY, faut-il le rappeler).

Oui, tout cela est assez éloigné de ce que je racontais dans la chronique de The Vermin Breed, mais l'évolution est franche, la chenille est devenue papillon, AFTER ALL est devenu mûr, et le fruit de ce This Violent Decline est a cueillir avec délice. Le metal, c'est un peu une histoire de riffs. AFTER ALL l'a bien compris, et « Frozen Skin » ouvre l'album avec puissance, hargne et mélodie, le condensé en 3min35 de ce que This Violent Decline recouvre. Des titres alliant densité et intensité. Accrocheur sans être racoleur (joli mot pour décrire de la musique, soit dit en passant ...), la demi-heure que dure cet album n'est ni trop longue ni trop courte : on immerge rapidement dans l'univers du groupe.

Outre sa pochette assez laide, le seul reproche que je ferais à ce disque est celui que je fais au thrash en général : lassant assez rapidement (comptez une quinzaine d'écoutes). Néanmoins ce dernier commentaire est à prendre avec des pincettes puisque je ne suis sûrement pas le Nightfallien le plus fan du genre. Mais peu importe mes goûts personnels, AFTER ALL met les petits plats dans les grands et sort là un bien bel album. Les belges peuvent être fiers : ils ont enfin leur grand groupe de metal international ! Et comme je tenais à finir cette chronique belge sur un jeu de mot bidon : Le Violent Decline du thrash ? C'est pas pour maintenant !