Child's Play fait partie de ces groupes qui ont été assimilés à la vague glam/hair metal lorsqu'il est apparu dans la première moitié des 90's. A tort, car Child's Play mettait plus foncièrement l'accent sur le côté brut du hard rock n'roll, plus bluesy, voire sleaze. Child's Play incarnait la facette la plus incisive, voire heavy du Hard US.

Originaire du Maryland et formé en 1983, le quartette américain doit patienter jusqu'en 1989 avant de se faire signer chez Chrysalis. Et c'est en 1990 que son premier album, "Rat race", voit le jour(tout comme le premier album de Slaughter "Stick it to ya", sur le même label).

Comme je le soulignais au début de la chronique, Child's Play évolue dans un registre plus foncièrement incisif que la plupart de ses collègues oeuvrant dans le Hard US. Le premier titre de l'album "Good ol' rock and roll" en est la preuve éclatante: cet uppercut hard rock n'roll fracasse absolument tout sur son passage avec ses riffs et son solo de killer, son refrain qui se charge d'achever les derniers sceptiques. Le titre suivant, le mid-tempo entêtant "Day after night", se rapproche nettement plus des standards Hard US plus accessibles, mais ses relents "acédèciens" et son refrain entraînant, limite catchy en font un titre de premier choix. "My bottle", avec son début calme bluesy, laisse croire qu'on est en presence d'une ballade, mais le ton se durcit avec l'entrée en scène des guitares crues, acérées, puis de la rythmique binaire. Cette compo est accrocheuse à souhait, a ce petit quelque chose qui fait qu'elle ne laisse pas indifférent. Ca dépote à nouveau avec "Rat race", un brûlot à la fois furibard et festif, une rythmique qui fait automatiquement taper du pied, secouer la tête. Comme autres titres de premier choix, on citera "Knock me out", une compo heavy-rock rythmée, pétaradante, aux riffs ravageurs, "Girl like you", un morceau big-rock festif, conquérant, pas très éloigné de ce qu'a fait The Cult à l'époque de "Sonic temple", le punchy "Capricorn/Bang bang" qui est mis sur orbite par un solo de batterie.

Puisqu'on parle de batterie, sachez que le batteur John Allen chante sur 2 titres de l'album. Il s'en sort très bien sur le mid-tempo "Evicted", du hard bluesy roots, dans la lignée de The Angels, assez prenant et sur lequel le batteur fait admirer sa voix éraillée. Par contre, le mid-tempo "Pay your dues", un morceau typiquement hard rock binaire, est plus quelconque et ne dégage rien de particulier...

Mais le meilleur titre, que dis-je, L'hymne absolu de cet album pour moi, c'est "When hell freezes over", un mid-tempo hard rock imparable, de très haute volée, avec un refrain monstrueux, fédérateur et un chanteur(Brian Jack) qui se montre impérial de bout en bout. Child's Play aurait peut-être dû sortir ce titre en single, peut-être que la chance lui aurait davantage souri...

Par contre, comme titres moins convaincants, la ballade acoustique "Wind", fade, ennuyeuse et sans éclat, se pose là(la bonne performance vocale de Brian Jack ne parvient pas à sauver les meubles), tout comme "Damn if I do", d'ailleurs...

Dans l'ensemble, ce premier album de Child's Play est quand même d'un très bon niveau. La production signée Howard Benson(un producteur qui était très prisé par les groupes de Hard US à l'époque) est impeccable et retranscrit remarquablement l'énergie de ce combo ricain. Cet album fait la part belle aux riffs acérés, à la rythmique incisive et le chanteur Brian Jack a une voix assez proche de celle de Phil Lewis par instants. Avec du recul, on se dit que si Child's Play avait sorti cet album 1 an plus tôt, peut-être qu'il aurait connu un meilleur sort...