Le quartette néo-zélandais The Datsuns est de retour cette année avec "Smoke & mirrors", son troisième album studio. Il y a 2-3 ans, il fut question de rivalité entre ce groupe et The Darkness, Justin Hawkins ayant dénigré le combo néo-zélandais dans la presse et lui ayant prédit une carrière brève.

"Smoke & mirrors" étant le 3ème opus des Datsuns, le groupe drivé par le chanteur/bassiste Dolf De Borst est attendu au tournant par ses fans d'une part, et par ses detracteurs également qui espérent voir celui-ci se planter.

Si musicalement, les Datsuns restent assez fidèles au style qu'ils affectionnent, c'est-à-dire du hard rock n'roll brut, sans fioriture et roots, ils se sont montrés suffisamment intelligents pour ajouter de nouveaux paramètres à leur musique, comme le blues ou encore les influences de Led Zeppelin (sur certains titres). Les titres qui dépotent le plus, qui envoient sans complexe la purée tels que "Who are you stamping your foot for ?", à la fois endiablé et dejanté (la rythmique déchainée, pétaradante et les guitares virevoltantes, survoltées dans le final contribuent largement à donner cette impression), le furibard "System overload" et ses furtives sonorités hypnotiques, le rapide et déchainé "Maximum heartbreak" sur lequel on perçoit le sentiment d'urgence(rhaaa, ce refrain effréné !!), le furax "Such a pretty curse", direct et sans concession, ou "Emperor's new clothes", interprété sur le fil du rasoir et avec un solo hypnotique, tendent à prouver que les Datsuns ne sont pas prêts de rentrer dans le rang et ont encore des moments jouissifs à proposer à leurs fans.

Les titres qui ralentissent la cadence sont, pour certains d'entre eux, à connotation bluesy. Et dans ce registre, les Datsuns s'en sont assez bien sortis: le très roots "Stuck here for days", gorgé de guitares acoustiques et de slide, progresse crescendo avec l'apparition de guitares plus électriques et la rythmique qui se muscle, le mid-tempo hard bluesy "All aboard", avec plusieurs voix au chant, des couplets un peu bizarroïdes et un refrain à reprendre en choeur dans un pub, sont 2 jolies réussites et prouvent que les Datsuns ont plus d'une corde à leur arc. Et ce n'est pas "Blood red", un titre teinté de mélancolie, avec une sensibilité à fleur de peau (mais néanmoins rythmé) et empruntant un peu au punk, qui me fera dire le contraire...

Par contre, les expérimentations lorgnant du côté de Led Zeppelin, si elles partent d'un bon sentiment et d'une envie de bien faire incontestable, laissent encore un peu à désirer. Par exemple, la ballade acoustique aux relents psychédèliques "Waiting for your time", si elle n'est pas foncièrement mauvaise, ne marque pas beaucoup les esprits et s'avère trop planante (on se croirait par moments dans le trip hippie), tandis que "Too little fire", plus ambitieux dans sa strucutre (il dure plus de 7 minutes) et parfois planant, s'il s'écoute, devient un titre lassant à la longue avec son final répétitif.

Ce troisième album studio des Datsuns s'avère être une réussite car le groupe a su garder intacte sa rage d'en découdre, qu'on avait découvert lors de leur tout 1er album, et a apporté quelques nouvelles couleurs à sa musique, tout en restant inspiré, même si certains progrès restent à accomplir. Certaines expérimentations sont de bon ton et les amateurs de bons riffs tranchants, d'ambiances 70's trouveront probablement leur compte avec "Smoke & mirrors". Quand à Justin Hawkins, il aurait mieux fait de ne pas vendre la peau des Datsuns trop tôt: le combo néo-zélandais grandit d'album en album et semble bien parti pour perdurer et fidèliser son public (s'il ne s'égare pas).