Katharsis est un groupe allemand officiant dans le registre true black metal. Formé en 1994, le groupe sort quatre démos et deux split avant de sortir en 2000 ce premier album « longue durée » ne dépassant toutefois qu’à peine la barre des 30 minutes. Sorti uniquement en vinyle et en quantité limitée, ce premier méfait sera finalement réédité en 2004 par l’excellent label français Norma Envangelium Diaboli.

Pourquoi s’intéresser à un tel groupe, dont les couloirs poisseux de l’univers black UG regorgent ? Pourquoi voudrions-nous encore une fois écouter un son de garage pourri et étouffé, une batterie monotone, des grattes grésillantes agrémentées de hurlements de goule agonisante ? Simplement parce que Katharsis est réellement possédé par le démon et qu’à défaut de sortir des sentiers battus, ces trois allemands nous livrent ici une demi-heure qui incarne à elle seule la quintessence de ce style prônant la décrépitude et la violence la plus absolue.

Tous les sons s’échappant de ce « 666 » sentent mauvais. La production typique du genre mais absolument succulente pour tout amateur averti en la matière nous permet de discerner sans aucune peine chaque instrument. Les mélodies, simples et accrocheuses, sont vicieuses et entraînantes. Ca cogne, ça hurle, mais quel plaisir sournois on ressent à écouter cette manifestation du côté obscur dans son état le plus brut ! Un chant possédé, quelques soli et riffs de guitare bien sales pouvant évoquer les premiers Bathory, des passages oldschool forçant au headbanging épileptique ("Raped by demons") et bien sûr les blast-beats propres au black metal. Tout est là pour nous faire vivre la réincarnation en 30 minutes des forces les plus occultes de la période 1984 – 1994.

Cet album s’adresse à ceux qui prennent leur pied avec du vieux son bien crado et ont des disques produits à la « Transilvanian Hunger » dans leurs étagères. Les autres sont invités à passer leur chemin en vitesse !
Ceux qui ne sont pas encore partis doivent posséder cet album. Il procure un plaisir énorme à l’écoute, vide de toutes ondes négatives et laisse repu, un sourire béat à la bouche.

La note sera forcément subjective car attribuée par un personnage correspondant au profil susmentionné. Les seuls reproches que je peux faire à cette offrande de Katharsis sont le manque d’originalité (mais le true black doit-il être original ?) et la durée un peu courte convenant toutefois parfaitement à l'exercice livré ici: brut, direct et sans prétention. L’album étant de qualité et enthousiasmant de bout en bout, ce sera un quatre.