Cela fait parfois de plaisir de voir à quel point certains groupes peuvent se nourrir de leurs influences de sorte qu’il suffit alors au chroniqueur de relire ses propres écrits qui évoquaient ces fameuses influences. Quand de surcroît, un artiste se contente de singer une idole unique, la relecture est d’autant plus rapide, la chronique d’autant plus vite torchée. C’est donc parti.

HADES, fait partie des combos les plus respectés de la scène black norvégienne. Et pour cause, son guitariste Jørn Inge Tunsberg se retrouva inculpé et condamné pour la destruction par le feu de l’église d’Åsane, ce qui lui permit de visiter les cellules de son cher pays. Il fut, au même titre que Hellhammer, Necrobutcher, Snorre Ruch ou un Varg Vikernes comme à son habitude savamment looké, interviewé sur le célèbre documentaire d’une télévision norvégienne intitulé « Satan Rir Media », qui relatait les exploits incendiaires et meurtriers de toute la clique. Mais curieusement, hormis THORNS qui a quitté l’orthodoxie stylistique de ces pairs, HADES semble être le seul orchestre majeur gravitant autour de cet Inner Circle plus que nébuleux à être passé à côté d’une gloire même de courte durée.

A l’écoute de …Again Shall Be, il semble difficile d’invoquer une raison précise à cet oubli. Car si le disque ne se hisse pas au sommet de la hiérarchie musicale, s’il ne sue pas le talent et encore moins l’originalité, il démontre, et cela aurait certainement dû se révéler suffisant pour intéresser médias et auditeurs avides à une époque du 100% pur Norvégien, un parfait savoir-faire. Un savoir-faire et un travail de lecture approfondie de l’œuvre de BATHORY. Car la voilà, cette influence omniprésente, aussi rassurante que dérangeante. Rassurante car dès les premières notes de Pagan Triumph, on retrouve cette batterie résonnante, ce tempo moyen et ces chœurs mâles lointains typiques d’un Hammerheart. La guitare n’est pas en reste, lancinante comme celle du maître, également saturée. Dérangeante aussi, forcément dérangeante. Car l’impression de copier-coller est patente, car les comparaisons pleuvent même en essayant de se retenir, car Hammerheart est tellement ancré dans la légende que le déterrer d’aussi vulgaire manière a quelque chose de répréhensible et d’irrespectueux.

Heureusement, la fin du paragraphe précédent, et le premier paragraphe dans son ensemble tant qu’on y est, se trompent. Oui, Hammerheart inonde …Again Shall Be de ces atmosphères et de ces prises de parti stylistiques. Mais composé quatre ans après LE chef-d’œuvre du viking metal, composé alors que d’autres avaient eu de nouvelles idées musicales, l’opus assume parfaitement sa date de naissance. La voix sera donc black et apportera une couche, non pas personnelle mais moderne (du moderne de 1994 évidemment) à un ensemble qu’il n’y a plus lieu de qualifier de copie carbone du cinquième album de Quorthon.

Côté inspiration, ce n’est pas tout à fait formidable mais il n’y pas non plus de quoi crier au scandale. Le disque se traîne un peu, comme un drakkar que la houle aurait momentanément quitté, dirait le métaphoreux lambda, mais est plus que susceptible de convenir à bon nombre d’amateurs d’un viking metal fortement teinté de black rendant hommage au plus glorieux de ses aînés.