Le groove des corbeaux à la VREID ? Autant pour moi. Les relents poisseux d'AGALLOCH ? Non, pas tout de suite … Les embardées épiques de TRIGLAV ? de RHAPSODY ? Mouais bof, là, pas vraiment …

Non, à l'heure H, la minute M et la seconde S, il me faut quelque chose d'autre, un peu de repos, un de peu de douceur, un peu de volupté. Pour un maximum de diversité émotionnelle dans la playlist, ONTAL pile poil à l'heure et à la saison.
Et surprise surprise, le groupe se découvre sous un autre jour, s'acquittant à 90% de ses influences électroniques, ce qui jusque là faisait à la fois le charme et l'originalité du groupe.

Silver Swam sera une parenthèse dans la carrière d'un groupe qui cherche de nouveaux repères sans pour autant trop s'écarter d'une musique aussi paradoxale qu'intelligente

Ainsi ONTAL se tourne vers quelques chose de totalement ambiant, de plus "heavenly voices", pour utiliser une étiquette à la con. Si les Allemands changent de direction, le paysage sonore demeure quelque peu le même, original, mystique, lumineux ...

"Monsieur's Departure", aux quelques allures orientalisantes (qui seront d'ailleurs assez présentes dans cet album) nous ouvre un vaste horizon de sérénité, un océan de volupté et de douceur. La justesse d'une LOREENA MC KENNITT n'est vraiment pas loin.
La voix merveilleuse et sensuelle de Syrah prend toute son ampleur, s'élève au sommet des plus belles voix lyriques du genre. En témoignent, tout au long de l'album, ces longues lignes de chant langoureuses, enlacées mais pas moins accrocheuses. Chaque élément musical semble se greffer à cette dernière de manière à la fois naturelle et nécessaire. Du plus petit bruitage aux grands et soigneux arrangements folks et symphoniques, rien n'est laissé au hasard, et assez paradoxalement, demeure en tout et pour tout très surprenant.

Le tempo général est lent, très lent, mais quelques rythmes moins linéaires se feront entendre (peut être pour éviter le sommeil de l'auditeur) sur le plus joyeux et "traditionnel" "Ligua Mendax" que les suédois de GARMARNA ne renieraient certainement pas, puis plus tard sur "292", aux mélodies belles quoique un peu déjà vues chez la formation allemande, et enfin, "The Whyle", très beau encore une fois (ma richesse d'argumentation est vraiment à son apogée).

"Winter" quant à lui, m'évoque le romantisme d'un CAPRICE. Cette flûte enchanteresse et ombragée renvoie à quelques souvenirs fugaces du défunt ORDO FUNEBRIS. Mais la merveille des merveilles est sans contestation "Amis Raynaut", meilleur morceau de l'album, qui se classe parmi les "Dulcis Amor" ou autres "Entre moi et mon ami" (sur l'album III). Quelques accords de claviers, quelques couches atmosphériques soyeuses, et ce chant, ce chant … Puis ces quelques percussions, cette ambiance si discrète et pourtant si originale et indispensable.

Moi à ce moment là, je me prend dans mes bras, je m'enlace et je m'aime…

Seul morceau faible, "Silver Swam", un peu longuet et aux relents classiques un poil pompeux. Cela n'atténue pas pour autant cette envie de rire, cette nostalgie bienfaisante, ces quelques frissons de bien être, de plénitude.
Alors inutile de se mettre en position du lotus pour trouver un havre de paix et rêver, juste à appuyer sur play … Silver Swam est un véritable nirvana musical, qui faute de ne pas être metal du tout, est génial surtout.

(Si avec ça je gagne pas le concours du meilleur slogan pour la publicité de cet album, ben heu … ça craint)