On ne peut pas dire que cet album a vraiment marqué l’Histoire du Metal. Il fait cependant partie de ces albums un peu spéciaux que tout amateur a plaisir de découvrir. Le genre d’album d’initiés qui procure un immense bonheur dans un océan d’indifférence.

Le Heavy Metal devenu une institution, quelques excités décident au début des années 80 de pousser un peu plus les manettes en distillant davantage de vitesse et d’agressivité. Ce sont les balbutiements du Thrash : ça grésille, c’est aigu, pied au plancher, énergique avec de forts relents Punk. Alors que quelques grands noms (ANTHRAX, SLAYER et METALLICA) bredouillent leurs copies avec chacun sa recette et son tour de main, EXCITER a aussi son idée sur la question.

Ce qui en ressort nous renvoie à la définition même du Thrash. C’est-à-dire une musique qui secoue, qui bastonne. Une sorte d’Heavy sous amphet’ qu’on aurait croisé avec un mauvais Punk. Dans la démarche, le Thrash originel n’est alors qu’agressivité et vitesse. Mais sans aucune méchanceté. Une sorte de Thrash « light » efficace, frais, simple et sans artifice. 'Pas pour rien qu’à l’époque on appelait ça (presque descriptivement) du Speed Metal.

EXCITER c’est donc tout cela. Et Heavy Metal Maniac un peu plus encore.

Car Heavy Metal Maniac secoue vraiment. Il secoue fort même. Au sens propre d’abord, avec des morceaux bien « thrash » d’une redoutable efficacité (citons « Cry of the Banshee »). Mais aussi en terme de charge émotionnelle, Heavy Metal Maniac fait mouche. Comment rester de marbre devant la magnifique « Blackwitch » (envoûtante, progressive, arpèges introductifs laissant place à une belle violence) ? En 1983, EXCITER a déjà pensé la Thrash ballade.

Et il y a cette putain de naïveté. Cette fraîcheur indécrottable qui vous prend à la gorge ou qui vous fait hurler de rire. Cette spontanéité à la MANOWAR proprement touchante qui file des boutons ou les larmes aux yeux (c’est selon). On en reconnaît les symptômes : les riffs préhistoriques, les paroles d’abrutis, les clichés à la pelle... Imaginez ces grands gamins tout de cuir clouté au début des années 80 qui s’excitent et hurlent des trucs aussi pathétiques que « Lève-toi et bats-toi ». Ca frôle régulièrement les hémisphères du Kitsch, on flirte grassement avec le Ridicule mais la conviction et l’énergie qui s’en dégagent sont vectrices de tant d’émotions que pour ma part j’ai les poils du bras qui se dressent. Signe qui ne trompe pas.

Reste le problème majeur : la production. Comment dire ? On dirait que c'était produit à la MJC du coin. De nos jours, n’importe qui se démerde mieux avec un bon PC et une table de mixage. La production est donc désastreuse, ce qui a tendance à renforcer le jusqu’au boutisme de l’album et peut être son côté « culte ». Une sorte de perle blanche enrobée d’une croûte de vomi séchée. Les guitares crachent, les cymbales saignent et le chanteur s’égosille dans un brouhaha sourd et diffus. A l’instar de la moitié des productions merdiques de Black Metal, EXCITER c’est un peu le groupe de True Thrash. Heavy Metal Maniac demande donc un effort : celui de percer l’emballage. Mais une fois l’oreille apprivoisée, l’initié pourra découvrir un album de Thrash « carré » pourvu QUE de riffs imparables.


Heavy Metal Maniac n’est pas un album indispensable. Un peu culte et encore. Secondaire ça oui. Bourré de défauts assurément... mais terriblement attachant et irrésistiblement authentique ! C'est la petite cuvée confidentielle qu’on est fier de sortir devant ses amis : y a mieux mais ce qui s'en dégage est spécial.


Note : 4/5 (A cause de la production qui nuit à l’album, car dans mon coeur c’est 5/5)


Morceaux Top : Stand Up & Fight
Tube : Heavy Metal Maniac
La Perle : Blackwitch
A découvrir : Mistress of Evil
La moins bien : World War III