"What Hell Is About" est une grenade Flashbang. Mais si, vous savez, dans Counterstrike, les grenades de traîtres qui illuminent votre moniteur pendant quelques secondes. Et bien, le dernier DAGOBA c’est ça : vous en prenez plein la gueule la première fois, mais c’est inoffensif. Une fois le halo lumineux estompé, il ne reste rien. Juste une fugace sensation « blanchâtre ».

Chaque réécoute ne fait que confirmer cette impression. L’impression d’une grosse baffe sonore pendant laquelle tout est bien en place mais qui ne laisse pas de traces sur la joue. Un pétard mouillé en quelque sorte. Quand on arrive au bout de l’album, il y a inconsciemment un « déjà fini ? », un « Tout ça pour ça » ou un « Rien d’autre ? » qui résonne.

La production (l’oeuvre de Madsen le producteur de The HAUNTED entre autres) confirme cette sensation d’immédiateté : elle est énorme, massive et claire. La puissance du son va vous agresser, vous malmener et va détourner – dans un premier temps du moins – votre attention. Car le contenu en lui-même laisse un peu à désirer. Compos fugaces cherche production en béton pour cache-misère. Dans la démarche, ça rappelle un peu le Neo Metal (sans le sens du « tube » et de la mélodie) aux entournures un peu plus extrêmes.

« Ah non, pas le Neo, surtout pas le Neo ! » : ça doit être ce que DAGOBA a voulu éviter qu’on pense. Comme s’il n’y avait rien de pire que de se faire cataloguer Neo Metal. Pour éviter cela, on force la voix (qui rappelle celle de Robb Flynn moins la conviction), on pousse les riffs (du coup c’est parfois un peu répétitif), on balance de la double pédale en veux-tu en voilà (si tu blastbeates pas, t’es pas extrême !), on rajoute deux trois petites touches « mélo » (un bout d’acoustique, quelques petites touches Electro...) et on invite en guest Vortex (de DIMMU) pour surajouter au menu déjà chargé une petiote coloration Black Metal (vraiment discrète hein). Mais la juxtaposition de styles n’en a jamais créé un.

C’est un peu dommage car en forçant de la sorte, l’ensemble apparaît peu imaginatif et un chouïa linéaire. Le résultat a de ce fait le cul entre deux tabourets : une production qui hisse vers le haut des compos stagnantes le tout dans un style pas abouti.

Pire, l’album est faussement novateur. Car malgré la furia passagère de certains morceaux, la rage apparente et la brutalité qui en ressort, "What Hell Is About" est désespérément sage et docile. On pompe un peu à droite (FEAR FACTORY bien entendu, mais SLIPKNOT aussi) et à gauche (MACHINE HEAD évidemment, MASTODON un peu). On tente de suivre « l’ère du temps » avec ce gloubi boulga de styles et de sous-genres. Et pour un album intitulé "What Hell Is About" - j’ai justement envie de dire : « C’est quoi ce bordel ? ».

C’est d’autant plus dommageable que l’album a des putains de qualités (prestation « carrée », beaucoup d’énergie, des passages bien jouissifs, une certaine inspiration...) et laisse entrevoir une marge de progression importante. Un beau gâchis. Ne serait-ce que par rapport au premier opus qui était... Un bon premier effort justement !

Alors il est évident que cet album plaira. Ça ne sera jamais un succès interplanétaire, mais il fera son chemin et saura trouver écho auprès de la jeune génération de metalleux (en particulier) qui apprécient le gros son, les refrains catchy et les agressions systématiques. Je viens de voir quelques photos du groupe : bandana, majeur dressé, têtes de caïds du village... Un vrai groupe de faux méchants. Tout un symbole... Celui d’une formation un peu perdue qui gâche du coup son potentiel.

La prochaine fois, il va falloir mouiller les maillots.

Morceau burk : "Morphine"
Morceaux Hop Hop : "Die Tomorrow" / "Cancer"
Morceau Hop : "042104"