On ne présente plus TRUST, groupe mythique des années 70-80, qui avec TELEPHONE fut le fer de lance de la vague rock – Hard Rock Française hissé au rang d’icône par la génération contestataire de l’époque.
Les années ont passées, Bernie et Nono ont mûri et c’est donc douze ans après leur dernier album studio (Rock'n'roll - 1984) que sort dans les bacs une galette en forme de coup de poing adressé a la vieille Europe et aux hommes qui la gouverne.

Autant l’avouer tout de suite, Trust s’est assagi et c’est plus dans une ambiance Rock n’ Blues que nous emmène Nono et sa bande.
La production est moderne et puissante, tous les instruments sont bien mis en valeur mais c’est le chant de Bernie qui a la part belle et qui retiendra tout d’abord l’attention. En effet Norbert Krief assure toujours autant à la six cordes mais se montre plus discret, distillant au compte-goutte des perles de solo ou bien encore des rythmiques bien léchées mais toujours au services du chant et sans jamais chercher à se mettre en avant.
Là où TRUST fait mal c’est effectivement dans ses paroles tranchantes et ciblées, provenant d’hommes conscients du monde qui les entoure et surtout décidés à ne pas subir la loi du plus fort et la lâcheté des plus faibles.

Et TRUST frappe fort dès le premier morceau avec ce qui est à mon avis le meilleur titre de l’album "On Lèche, On Lâche, On Lynche" titre énergique à souhait, assez proche d’AC/DC avec un solo assez intéressant sans pour autant être un chef d’œuvre et un refrain très explicite sur la nature humaine dans un monde où l’argent est roi.
Et d’argent il en sera souvent question comme sur le deuxième titre "Tout Ce Qui Est Bon Est Mal" avec encore une fois un riff très Rock n’ Roll ou bien encore sur un "Ca Vient Ca Meurt" qui représente assez bien l’album avec une ossature très bluesy et des relents Rock n’ Roll fortement présents de par une guitare plus lourde mais au tempo assez peu soutenu.

La base rythmique du groupe a, quant à elle, été rajeunie avec l’arrivée de David Jacob (basse) et Nirox John (batterie) et bien que les deux hommes réalisent une prestation plus qu’honorable, c’est sans aucune surprise que les oreilles se portent sur Bernie Bonvoisin, leader charismatique du groupe que l’on attendait au tournant en se demandant si son amour pour le septième art (en tant qu’acteur et réalisateur) allait avoir raison de sa hargne et de sa verve en lame de rasoir. Et il n’en est rien tant le bonhomme tient l’album sur ses épaules. Les années passent, le talent reste que ce soit sur les titres les plus énergiques de l’album ou sur les quelques compositions au rythme plus intimiste comme les très belles mais pourtant assassines "Tous ces visages" et "Elle disait" sur lesquelles Bernie y parle de façon résignée et avec une certaine nonchalance de la décadence et perte d’espoir de l’humanité.

Au final, « Europe et Haine » n’a ni la puissance ni la fougue de ses prédécesseurs mais son message y est plus accessible et réfléchi de par un Blues Rock moins sauvage et des paroles qui dépassent la simple haine sociale.
Le message de l’album était simple : Tous pourris... à l’époque on ne pouvait pas lui donner tort mais dix ans plus tard, le constat reste toujours même.