« Jonah’s Ark » est le troisième album des anglais de SKYCLAD. Méconnu et relativement mésestimé par les fans, il s’agit pourtant d’un album « charnière » dans la discographie du groupe. A l’instar d’un « Hell Awaits » de SLAYER par exemple (ou encore de « Ride the Lightning » de METALLICA), cet album marque le début de la « patte » made in SKLYCLAD – et rien que pour cela il mérite qu’on y jette une oreille.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que SKYCKAD est un groupe qui ne laisse pas indifférent. Soit le groupe vous transporte et vous séduit, soit on y voit un foutoir de riffs et de violons. On aime vraiment ou alors pas du tout. A ce titre, il est assez délicat de conseiller l’achat d’un album du groupe au « Metalleux » lambda. A d’autant plus forte raison que ce « Jonah’s Ark » marque justement le début de la typicité du groupe.

En effet, si les deux précédents opus avaient vraiment une base « Thrash » (corrélation avec le groupe SABBAT oblige), « Jonah’s Ark » marque une rupture, celle de combiner des éléments folkloriques (chant, violon, ambiances sonores…) avec un Heavy Metal bien pêchu et non plus – comme avant - de plaquer seulement ces éléments sur un Thrash rugueux. Cette volonté d’intégrer le plus harmonieusement possible ce coté Folk ira même pour ses membres jusqu’à revêtir un nouveau look (style mi-manouches mi-troubadours) et des textes très orientés (laïus écolo, avertissements millénaristes, anticipations… le tout parrainé par la WWF et GREENPEACE… je plaisante).

On se retrouve donc avec un album fouillé, varié, original (l’originalité étant l’essence même de SKYCLAD), tantôt accrocheur tantôt déroutant, assez équilibré (homogène) et au final relativement difficile d’accès. « Jonah’s Ark » demande réellement un temps d’apprivoisement (comprendre : au moins 5 ou 6 écoutes). Je vous renvoie au premier titre de cet album – « Thinking Allowed » : sorte de fil rouge, archétype de l’album, tour à tour entraînant (presque joyeux), résolument Heavy et irrésistiblement Folk. Une chose est sûre : vous n’avez jamais rien entendu de pareil !

SKYCLAD se paie de surcroît le luxe de nuancer sa musique sachant la rendre tantôt sombre («SCHADENFREUDE »), entêtante (« A NEAR LIFE EXPERIENCE ») ou encore tristouille (« IT WASN’T MEANT TO END THIS WAY ») ; ce qui rend « Jonah’s Ark » ni répétitif, ni ennuyeux. La plupart des morceaux faisant en outre moins de 4 minutes, cela donne à l’ensemble un coté direct et efficace. Et si les 40 (petites) minutes de l’album passent à la vitesse de l’éclair, le problème se situe davantage sur ce que vous allez retenir au final de la galette.

Si on récapitule, on a un album original, inspiré et bien foutu. Ca donne de bonnes raisons de l’acheter ? A vrai dire, non. Et c’est le paradoxe que j’ai avec cet album : il s’agit bien d’un album intéressant que je vais bien noter (que je suis obligé de bien noter) mais que je ne conseille pas non plus - à moins de connaître un minimum le groupe et son style. A défaut, la prise de risques est à mon avis trop importante : mieux vaut se diriger dans un premier temps vers un album comme « Prince of the Poverty Line » ou encore « The Silent Whales of Lunar Sea » pour avoir un échantillon plus abouti.

Morceau préféré du Canard : Thinking Allowed.
Morceau beurk : A Near Life Experience