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2005 Lost And Found
 

- Membre : Hellyeah

MUDVAYNE - Lost And Found (2005)
Par BAAZBAAZ le 24 Septembre 2005          Consultée 6256 fois

Mudvayne déplait. C'est évident : ce groupe est détesté. Bon, ils l'ont cherché. Débarquer en 2000, un an presque jour pour jour après Slipknot, affublé de masques et de maquillage avec des surnoms bizarres et une musique brutale, thrashisante et syncopée, il fallait oser. Un fort parfum de produit marketing calibré et aseptisé accompagne depuis lors les disques de ce quatuor né… dans l'Illinois… c'est-à-dire juste à côté de l'Iowa, d'où sont originaires – on ne le sait que trop bien – Corey Taylor et ses si sympathiques amis. Vu d'ici, ça ressemble donc un peu à une mauvaise blague. A un truc qui surtout, par pitié, ne devrait jamais franchir l'océan pour venir échouer près de chez nous.

Et puis on se dit : d'accord, Slipknot n'a pas le monopole de l'accoutrement grotesque. Après tout, c'est une sorte de coutume récurrente qui pimente le rock – et particulièrement le metal – depuis ses débuts. Et ça ne peut pas être pire qu'un guitariste qui s'énerve dans son armure en plastique ou qu'un chanteur sataniste qui se remet une couche de noir à lèvres entre chaque chanson. Si l'un est ridicule, alors ils le sont tous : masques de clown, têtes d'extra-terrestre, épées en bois ou faux sang en ketchup. Chacun son truc. Pour capituler une fois encore face au relativisme ambiant, on préfèrera accepter tout ça comme la part de spectacle inhérente à une musique dont le caractère extrême et provocateur se joue aussi dans l'image et dans le visuel.

Et la musique, justement ? Celle de Mudvayne, il faut le préciser, n'atteint pas les sommets foutraques, bruyants et déglingués de Slipknot. Plus carrée, mieux construite et plus facilement abordable, elle est aussi incapable de dégager la même férocité géniale. Son intérêt se trouve ailleurs. Parce qu'il faut admettre ça aussi : la musique de Mudvayne n'est pas dénuée d'intérêt. Avec Lost and Found, notamment, le groupe tente d'approfondir sa quête d'un équilibre difficile et incertain entre la grosse cavalerie néo-thrash, les rythmiques froides et bondissantes, des expérimentations plus complexes et sombres – les publicitaires ont lâché le nom de Tool – et enfin une sorte d'effort mélodique et aéré propre au post-grunge.
Le résultat ? Energique et énervé, plus ou moins inspiré. Dans ses meilleurs moments, le groupe se défend avec un style électrique et surprenant. Parfois aussi, il va dans le mur.

Brusque et emporté, l'album s'ouvre par une brève détonation thrash, compacte et décisive : c'est « Determined », rapide et violent. Sans voix claire. Chad Gray y confirme une vraie capacité à hurler et grogner dans un registre death/screamo finalement très supportable. Mais c'est surtout dans sa recherche mélodique que Mudvayne prend le plus de risques et parvient ponctuellement à convaincre. Des morceaux comme « Happy ? », et son refrain confortable sous influences heavy, ou « Forget to Remember » aux couplets calibrés, variés et pleins de bonne volonté, n'en rendent que plus appréciables les crises de nerf plus étouffantes à la « Rain. Sun. Gone. ». Le danger étant bien sûr d'affadir une musique qui, trop lisse, s'installe à l'ombre de Staind ou Nickelback.
Oui, ça arrive, notamment avec « Fall into Sleep », entraînant mais aussi un peu terne et ramolli : Mudvayne ne parvient pas toujours à préserver ses chansons d'une sorte de torpeur lancinante. Lorsque la diversité rythmique des morceaux et l'équilibre entre brutalité et mélodie se confirme, on a le meilleur du groupe. Le dernier titre, par exemple. Assez long, bien mené. C'est « Pulling the String », apogée de l'album au ton clinique et désabusé sur fond de saccades métalliques. On se dit alors qu'un peu plus d'inventivité, un soupçon de maîtrise dans des compositions où le meilleur est parfois trop furtif, et Mudvayne prendrait de la hauteur.

Pour l'instant, quelques abus vocaux, quelques errements d'une batterie qui hésite entre le monolithisme indus et les tapotements grungy, sans oublier de franches débandades artistiques – ce machin interminable et arrogant que rien ne justifie au milieu du disque, « Choices » – plaquent encore le groupe au sol. Ils ont enlevé les masques et essuyé le maquillage, c'est bien. Ils ont prouvé qu'ils cherchaient un style à eux. C'est bien aussi. Rien n'est plus légitime que de s'essayer à l'album de la maturité. Reste à démontrer à ceux qui écoutent du métal depuis plus d'un an ou deux qu'il y a ici la possibilité d'une vraie créativité violente et originale.
A ce sujet, Lost and Found ne donne pas toutes les réponses. On peut sans doute le considérer comme un album de transition, ce qui est déjà lui faire preuve de respect. Mais ce n'est pas un aboutissement.


Que Mudvayne ait mis trois ans à le sortir est d'ailleurs inquiétant. Car ce n'est pas la première fois que le groupe sort un disque qui laisse espérer une franche montée en puissance. Or, jamais pour l'instant il n'est parvenu à passer dans la catégorie supérieure, là où Slipknot est installé depuis le début – ou presque. Avec « Just », un morceau direct et menaçant, où le bassiste Ryan Martinie délire dans son coin, on a d'ailleurs l'exemple parfait d'une musique prenante, bien structurée, mais qui ne décolle pas tout à fait. Pour la troisième fois, Mudvayne conserve le statut d'un groupe à potentiel qui ne tient pas ses promesses jusqu'au bout.

Cela peut devenir une habitude. Cela peut signifier qu'un certain plafonnement artistique a été atteint, et que l'on devra toujours supporter – s'il y a d'autres disques – des choses très moyennes comme « IMN ». Si c'est le cas, alors Mudvayne demeurera un second couteau du néo-métal, incapable de puiser dans ses influences pour se trouver un style homogène et une personnalité propre. Ce que System of a Down a réussi, notamment. Qu'on ne s'y trompe pas : on ne critique pas ici le groupe pour son look, pour sa démarche, pour son courant musical d'appartenance. Non. Simplement, tout en étant attachant, il s'acharne à être plus inégal qu'on ne l'espérait.

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   BAAZBAAZ

 
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- Chad Gray (chant)
- Greg Tribett (guitare)
- Ryan Martinie (basse)
- Matt Mcdonough (batterie)


1. Determined
2. Pushing Through
3. Happy?
4. Imn
5. Fall Into Sleep
6. Rain. Sun. Gone.
7. Choices
8. Forget To Remember
9. Tv Radio
10. Just
11. All That You Are
12. Pulling The String



             



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