Dieu du ciel, un nouvel album de déjantés dans l'escarcelle ! WITH PASSION, 6 jeunes Californiens tous frais et tous bronzés, fans de death metal, de synthés et de folie furieuse sortent en 2002 ce premier opus sur un obscur label, Reflections Of Ruin Records. Un album qui a bien plu aux truculents Earache (les anglais fans de chair fraîche mais qui se sont un peu calmés, si, si) qui ont décidément du pif ces derniers temps. Aussi le label Outre-Manche a décidé de le re-éditer en espérant que les fans, les oreilles qui vont avec et leurs porte-monnaies suivront. Planquez vos oreilles ça déménage. Ou plutôt sortez-les pour illustrer la petite bafouille qui va suivre.

Alors que les Etats-Unis sont la patrie d'un death metal plutôt technique et radical, les influences de WITH PASSION lorgnent plutôt vers l'Europe et des troupes terrifiantes nommées AT THE GATES, DISSECTION ou le premier DARK TRANQUILLITY. En effet les guitares sont plutôt mélodiques, les 2 duétistes excellents dans leur art le tout dans une atmosphère relativement furax et barbare. Tout ceci mixé reposant sur une base death aux vocaux sans réelle surprise avec des relents hardcore qui se font sentir pour ne pas oublier qu'ils sont américains.

Mais surtout WITH PASSION apporte à cette mixture un semblant de joyeux bordel. Ecoutez-moi un peu le premier titre "Train Wreck Orchestra" et vous comprendrez ce que je veux dire. Ca part dans tous les sens. Oui, ça gicle de partout, mais on sent une maîtrise et des mélodies là derrière, et c'est ça qui fait la différence avec un quelconque combo bruitiste insupportable du même rang (n'insistez pas, je ne citerai pas de nom, tsss tsss). Un peu comme si on passait de l'ordre au chaos puis du bordel à la discipline.
Bon, autant dire que ça reste assez surprenant et pas facile d'accès de prime abord, mais on se laisse haper malgré tout. Il faut dire aussi que nos jeunes amis aiment l'art de la syncope et des surprises. Par exemple, ce premier morceau furieux se termine sur un piano qu'on n'attendait pas, "The Scorpions Dance" démarre de façon grandiose avec une trame orchestrale (à la manière de l'intro de "Malice Through The Looking Glass" d'un groupe de vampires anglais), "Forlorn Hope" mèle passages costauds, rythmiques pesantes (très bonnes les rythmiques) et moments tous tranquilles ... les contrastes font qu'on ne s'ennuie pas.

Difficile d'écouter le monstre en une traite tant le côté fourre-tout peut surprendre, une adaptation progressive est nécessaire afin d'en appréhender toutes les subtilités. WITH PASSION restera pour ma part rangé dans la catégorie "mi-figue/mi-raisin", le temps que d'autres écoutes opportunes le fasse évoluer progressivement d'un 3/5 primal bien mérité à la note supérieure. Terre droit devant !