Avec seulement trois albums au compteur en l’espace de douze ans, on ne peut pas dire que les Grecs de DARK NOVA forment un groupe très prolifique ! Depuis leur deuxième et dernier effort, « 1999, a Step Beyond… ? » sorti en… je vous le donne en mille : 1999, les fans devaient commencer à tirer la langue. La formation hellénique était alors occupée à tourner sur les scènes européennes, à modifier son line-up (particulier, comme vous pourrez le voir) et à rôder son power-prog, afin de nous revenir avec un « Sivilla » plus heavy que jamais.

Agréable sans être révolutionnaire pour un sou (ni même deux), « Sivilla » distille un power metal progressif consensuel aux ambiances clairement épiques, comme l’illustre parfaitement l’instrumentale « El Cant de la Sibil » à écouter impérativement suivie de « In a Crevasse of Time » (car les morceaux s’enchaînent sans pause ni fade-out tout au long de l’opus). Le clavier (tenu par une femme !) s’y pare de sonorités un tantinet médiévales, et habille de chœurs plutôt réussis l’introduction de cette pièce musicale qui, malgré un début prometteur, manque de peu son décollage…
La faute n’est pas à imputer au batteur qui réalise ses lignes très honorablement. Sa double-pédale puissante et ses breaks fort à propos (« Say no More »), alliés aux refrains réellement entraînants (« Out of the Silence », « Sivilla »), confèrent une grande part de l’intérêt que cet album peut susciter. Le guitariste n’est pas mauvais non plus, bien que je reste plus réservée lorsque j’évoque ses soli. Celui de « Too Late to Hide » me paraît très approximatif, et, comble du comble, termine l’album en queue de poisson.
L’aspect progressif des morceaux n’est pas très percutant car non seulement la structure des compositions reste très classique, mais en plus elle se trouve desservie par un clavier assez mou qui ne se permet qu’un seul solo, court et raté (« Flight to the Unknown »). Heureusement, il n’est pas trop envahissant, et les quelques voix synthétiques s’avèrent assez réalistes donc réussies. On sent dans les ambiances une volonté de s’approcher d’un SYMPHONY X, sans l’indubitable génie que ces derniers ont développé, ni l’aspect néo-classique qu’ils dominent, loin devant le peloton. La basse, maîtrisée elle aussi par une digne représentante du sexe féminin (tremblez dans vos caleçons, messieurs, nous arrivons en masse !!!), reste un peu en retrait, sauf dans « Out of Silence » où elle est propulsée, pendant quelques mesures, sur le devant de la scène.
Finalement, le véritable hic provient du chanteur, qui, s’il a une voix tout à fait appréciable, et chante juste dans les médiums sans se farder d’un excessif trémolo, ne gère pas très bien les montées d’octave ni les transitions rapides vers les aiguës. Ainsi, on serre un peu les dents lors du refrain de « Reach for the Sky », et la note finale, qui devrait durer, s’éteint aussitôt, trop élevée pour le vocaliste qui a encore des progrès à fournir avant de faire de l’ombre à Russel Allen !

Curieux en quête d’originalité ou de technique, passez votre chemin ! « Sivilla » n’est pas l’album qui renouvellera le genre, ni celui qui placera une pierre angulaire dans l’édifice du heavy metal. Mais si le chanteur s’entraîne sérieusement, et que le clavier est remplacé par une seconde guitare, il se pourrait bien que le prochain album des cinq de DARK NOVA soit digne du plus grand intérêt… Rendez-vous dans… 6 ans ?