En écrivant ici ces quelques mots, je m’adresse uniquement au passionné de la formation finlandaise des plus discrètes, désireux d’acquérir les petits objets qui, pour sacrifier à la tradition, sont déposés pour rassasier l’impatient. Tradition souvent observée par Skepticism, avec plus ou moins de succès, et cette fois-ci je brandis un sérieux carton rouge.

« The Process of Farmakon » préfigure l’album « Farmakon », et en ces termes si l’on se replace en 2001, l’intérêt est tout trouvé. Deux morceaux loin d’être désagréables, grâce auxquels on retrouve toujours ce plaisir de se plonger dans leur monde malsain et irréel, généré par cette batterie lointaine et envoûtante, ces guitares floues et surtout ces claviers prédominants. Prenant pendant ces 20 minutes la forme d’orgues, ils subliment l’atmosphère folle par une dimension religieuse à laquelle Skepticism nous habitue depuis longtemps. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Après la sortie de l’album, que peut-on bien dire d’un EP dont tous les titres se retrouvent dans le LP qui suivit ? On peut dire : il te suffisait de lire la track-list pour te rendre compte que l’objet était dispensable. Mais on ne le souhaite pas, en vérité on meurt d’envie de savoir si « The Process of Farmakon » est un prélude de « Farmakon », en ne s’attachant qu’aux titres. Mais il n’en est rien. On souhaite alors avoir des versions bizarres, démantelées des morceaux, on souhaite que Skepticism propose un autre angle de vue sur leur monde abstrait et noir. Et ils l’ont tenté. Chant plus compréhensible, guitares légèrement plus dominantes…Dès lors, il y a perte totale de ce flou instrumental. Et quand bien même le titre éponyme accueille des bruits de liquide, de mixture bouillonnante ou d’eau vive, ces samples deviennent dérangeants, masquent les mélodies. Si l’effet voulu était de noyer l’auditeur, l’entreprise est ratée. Mais qu’entends-je alors ? Un bruit dissonant, puis des percussions, bien au loin…Ah, non, rien d’inédit, ce n’est que le début du 4ème morceau de « Farmakon ».

Rien à se mettre sous la dent. Même les paroles, entières cette fois-ci, sont (volontairement ?) illisibles. Pas que le CD soit mauvais à proprement parler, mais s’il est question d’intérêt, je dois bien vous avouer qu’il est nul.