TZUIP

- « …entrée fracassante directement à la 15ème place de notre classement qui recense, je vous le rappelle, les meilleures ventes d’albums de death-metal ainsi que les notes que VOUS leur avez attribuées »
(Public en délire)

- « Mike, y’a GROWL MACHINE à la télé…
- Tout droit venu d’Allemagne, cette petite galette va très probablement réchauffer votre nuque pendant ces froides nuits. Bon vieux death-metal jamais trop violent, mais apportant une petite dose de modernité, ces dignes successeurs des cultissimes OBITUARY en ont à revendre, jugez-en par la suuuperbe pochette, concert de lames menaçant un pauvre hybride humain-robot, observez ce logo très fin souhaitant en découdre avec vous ! Et quand bien même vous n’étiez pas déjà effrayés par le visuel, il y a eu un tel travail d’enregistrement et de mixage aux célèbres studios « Daily Hero » qu’il vous soufflera dès la première écoute. Vas-y Johanna, mets-nous un extrait…Ouais, vous avez vu ? Ca envoie sévère, non ? Guitares puissantes, sciantes et vindicatives, une basse pour terminer le travail de sape du tympan…Mélange violence/crade, la deuxième partie étant servie par une batterie enchaînant blast-beats, jouissant d’une double pédale hautement mise en valeur ; mais surtout mes amis, craignez cette voix d’outre-tombe, absolument gutturale. Non vraiment, ce « Human Toxin » de Spawn est l’idée même de ce qu’on peut se faire d’un cloaque, où grouillent des saletés de monstres. Une sacrée baffe, ça ne tient pas en place et c’est tout ce qu’on leur demande. Passons à la 14ème place, toujours détenue par…
- M’man ! J’veux le dernier Spawn. »

Quelques jours plus tard, à la récré de 10h.

- « Hé, t’as vu le Spawn ? Il est passé dans les dix premiers. ‘Faut dire que c’est énorme, quand même. Une voix d’outre-tombe…
- Des guitares trop puissantes, sérieux, elles font mal aux oreilles. Ils ont assuré les musicos…
- C’est du bon vieux death-metal, avec une pochette terrible, du genre à faire peur à ma sœur »

Dans la cour des 5ème, Olivier le grand 3ème entend parler les gamins de death-metal, et après avoir souffert du nivellement de son visage devant la glace, tente d’arracher un écouteur à Mike. Deux ou trois bracelets indiens plus tard, le jeune Mike consent. L’écoute démarre pour ce friand de musique extrême. Il décide alors de faire profiter l’auditorium de son avis éclairé :

- « Ouais, moi vous savez, je trouve pas ça terrible. Cette voix glaireuse pour commencer, ça n’apporte rien, si ce n’est l’envie de lui demander de cracher. Le batteur est loin d’être ébouriffant, il arrive même à être ennuyeux quand sa double pédale reste bloquée de longues minutes dans une position franchement peu rapide. Et puis d’accord, ok, ça rappelle OBITUARY, même VADER à certaines occasions, mais où sont les riffs ? Où sont les moments accrocheurs, pendant lesquels on laisse les guitares prendre le dessus et tenter de balancer une sauce fraîche, ou à défaut, bien cuisinée ? C’est entraînant, c’est tout.
- Tu dis n’importe quoi toi, ce truc on dirait une saleté de grouillement dans un monstre de cloaque. C’est génial, quoi.
- Qui parle d’ambiance ? Les guitares saturent, point barre. Et où est la prise de risques ? On retrouve trop souvent les mêmes breaks et les mêmes rares riffs qui tentent de diriger le bateau hors de cette prépondérance rythmique. Je t’accorde quelques bons passages, crades et fracassants, un « Watch the Civil Fall » un poil plus chaotique et travaillé ; mais comme death-metal, on fait difficilement plus bateau et plus convenu…
- De toute façon, tu dis n’importe quoi, je te ferai écouter le n°1 de la semaine, et rien qu’avec la pochette, tu vas comprendre ta douleur. Ca s’appelle FLESH BUTCHERING et y’a plein de sang et de viscères dessus…