1981. Le Hard Rock connaît, ces années-là, sa révolution. Le son change, une nouvelle époque commence. Certains groupes ne passeront jamais le cap, d'autres s'adaptent. C'est alors que déboule un missile qui rase tout sur son passage. Il porte un nom étrange : "Foreigner 4". L'un des meilleurs albums de hard FM de tous les temps. Plus de 20 ans après sa sortie, nous sommes encore tous sous le choc. Terminé, le folk-pop, terminé les musiquettes acoustiques, fini de rire. John "Mutt" Lange est à la production. Le son est énorme, il n 'a pas pris une ride. Les guitares explosent, le rythme s'emballe, les synthés s'affolent. 6 millions de victimes, un record pour Foreigner, qui ne fera jamais mieux.

Il y a sur cette album, des chansons qui sont l'absolue quintessence du Hard Rock. Il y a d'abord "Juke box hero", à la violence d'abord rentrée, sourde, et qui vous pète soudain à la tronche. Mick Jones y dresse des véritables murs de guitares sur lesquels Lou Gramm, que l'on reconnaît à peine, hurle, gueule comme jamais, tour à tour enragé et larmoyant, furieux et déchirant. La chanson à peine terminé, c'est à "Break It up" de vous achever. La voilà, la meilleure chanson de Foreigner. Jalousement protégée par les fans, elle ne figure même pas sur le Best-of du groupe. Une intro au synthé, puis Gramm vous tire toutes les larmes du monde sans cesser un seul instant d'être agressif et rageur. Le refrain est indescriptible, si simple et si mémorable. Je le réécoute comme au premier jour : incrédule, émerveillé.

Ces deux titres sont les meilleurs de l'album, mais on doit y ajouter deux autres, qui posent problème. "Waiting for a girl like you" et "Urgent". Une ballade et une chanson très Rock mais absolument pas "métal". Deux titres lumineux, que l'on peut écouter à l'infini sans jamais se lasser. Ce seront les deux tubes de l'album, et ils deviendront, pour un certain public, le symbole du style Foreigner. Et c'est là que resurgira le paradoxe du groupe, partagé entre Hard Rock et Rock FM, paradoxe qui sonnera sa perte lorsqu'il commencera, lentement mais sûrement, à privilégier le second style après cet album.