Le destin « miséricordieux » (Je sais, on avait dit que je ne me moquerais pas!) a vécu. King et Shermann ont choisi des voix différentes. Comme dans tout divorce, il y a la garde des enfants. Les petits Timi et Michael suivront le Roi moustachu et ses favoris. Un jeune batteur, un certain monsieur Dee et Andy Larocque, guitariste de son état (et futur éternel fidèle second) complètent le line-up.

Après un "No Present For Christmas" sympatoche où Tom et Jerry boivent du sherry... Nous voilà devant le 1er LP!

KD, y est libéré, plus théâtral. Plus évolutif dans la structure des morceaux, enfin différemment qu'avec le "Fate"... Ne nous y trompons pas, la voix de King est l'instrument le plus mis en avant. Il évident que l'on a à faire à un projet solo. Le projet solo d'un conteur. Un conteur de talent, sorte de croisement issu de la litérature fantastico-horrifique classique anglo-saxonne et du griot comme l'illustre la trilogie d'ouverture : "The candle", "The Jonah", "The portrait".

Dotée d'une paire de gratteux fous, l'émulation dans les soli est évidente (plus vite, plus débridée) et deviendra la marque de fabrique kingdiamondesque, héritage mercyfulfatien savamment distillé et beaucoup plus cadré dans l'expression des guitaristes.

Cet héritage, bizarrement, semble le plus présent dans un morceau que MF n'aurait pas composé comme ça : "Voices from the past", 2e morceau instrumental de la carrière de King après "To one far away".

Comme déjà révélé, KD ne livre pas une histoire traitée sur tout l'album (autre future marque de fabrique) mais trois morceaux se suivant pour narrer l'histoire du portrait fatal à Molly, Molly réapparaissant avec sa mère un peu plus tard dans l'album.

A l'image du texte de "Halloween", tout n'est pas grandiose sur cet album (même si sur ce titre, l'interprétation et la compo font aisément l'affaire), il suffit aussi de se référer à "Dressed in White" sonnant creux, "Lurking in the dark", notamment lui répondant en écho. Mais l'ambiance générale de l'album, comme l'intro lourdement conspiratrice de "The candle", avec ses incantations et son solo d'orgue dément (oui, ami lecteur, on imagine bien un déséquilibré jouant cela), les progrès de King qui se maîtrise bien mieux, avec le travail global des guitaristes sur les nombreux soli (déjà évoqué), rattrapent le côté médiocre de certains morceaux et arrive à lisser l'ensemble donnant un sentiment global de bonne facture.

Si les références au travail réalisé dans leur précédent groupe est encore présent, certaines chansons annoncent le futur en se démarquant du passé avec leur aspect direct : "Halloween", "Lurking in the Dark" ou "Charon". "Fatal Portrait" s'avère à être, au final, un pont jeté entre deux entités, une transition.

En résumé : le groupe est encore jeune mais l'ambiance, les harmonies vocales de King et ses talents de conteur, font la différence. La page MERCYFUL FATE est tournée et je devrais réussir à faire avec.


Le morceau instrumental où le roi est à la guitare : "Voices from the past"
Le morceau parlant aussi de Molly : "Haunted"
Le morceau contenant la référence au Mythe : "The lake"