In Memoriam est la réédition du 1er EP de Cathedral, le cultissime In Memorium paru en 1990 et agrémenté de titres bonus live. Quand on pense que Lee Dorrian sortait tout juste de chez les bourrins de Napalm Death. Son état d'esprit est ici à l'opposé de son ancien groupe, puisque comme le suggère la devise de Cathedral, "Doom or be doomed". Nous sommes prévenus, inutile de s'attendre à un passage speed sur tout l'album, il n'y en a pas. Cathedral n'a pas inventé la poudre ceci-dit, car le style musical pratiqué avait déjà été fait avant par des groupes comme Saint Vitus, Trouble ou même Candlemass. Mais Cathedral a décidé de pousser toute la démesure du doom encore plus loin, en ralentissant encore plus les tempos dans la limite du raisonnable. Plus heavy, plus pesant, plus malsain, les vocaux ténébreux de Lee Dorrian ont de quoi faire trembler Satan en personne, bien plus que dans les groupes bruitistes de death metal. Lee Dorrian ne versait pas encore dans le groove à l'époque, donc point de "Oh yeah" ou "Come on" toutes les 30 secondes, il était dans un trip bien plus extrême (normal, il sortait tout juste de Napalm Death).

Musicalement, les plus pessimistes trouveront ça bien pauvre, mais qu'ils se rassurent, c'est fait exprès ! Vous ne pensiez quand même pas trouver ici une trace de mélodie ? Il s'agit d'assommer l'auditeur de riffs les plus lents et basiques possibles histoire de pouvoir s'imprégner de tous les méandres de l'enfer. Cet EP aurait du s'intituler A tribute to hell, je ne connais aucun autre groupe ayant rendu un plus bel hommage à ce lieu tant convoité par nos groupes préférés. Si vous voulez faire découvrir à votre voisin de palier ce qu'est l'enfer, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Pour la partie live enregistrée en 1991 en Hollande, on peut déjà voir que Cathedral accélère légèrement les tempos (le batteur utilise même de la double pédale sur Commiserating the celebration, qui l'eut cru ?) et se rapproche quelques fois plus d'un Rock façon BLACK SABBATH, mais qu'on ne s'y méprenne pas, cela reste heavier than heavy. In Memoriam occupe un statut d'EP culte mérité, plus pour sa démarche culottée que pour le génie musical de Cathedral. Mais l'objectif de Lee Dorrian et ses sbires a été pleinement atteint. Malheureusement pour eux, la réussite de cet EP dépend fortement d'éléments extra-musicaux et lorsque Cathedral tentera de normaliser son heavy metal en faisant abstraction de l'état d'esprit "doom forever", cette évolution ne sera pas toujours couronnée de succès. On retiendra surtout les albums Forrest of equilibrium, The carnival bizarre et 7th coming. Pour le reste...