Une sacrée surprise. Alors que je me rendais à un concert avec groupes très locaux qui n'avait pour but que de me faire passer une petite soirée pour 2€ et voir mon petit frère jouer, je ne m'attendais en rien à la claque que j'allais prendre (quel suspens). Probablement marqué par les premières parties néo-metal où tout le monde pogotait sur du Muse (mon dieu...) et où je buvais tranquillement ma bière, je fus obnubilé par la tête d'affiche (tout est relatif bien entendu) et ce dark-metal qu'on m'avait promis. Phest venait de me faire passer une superbe soirée et qui plus est, venait de bourrer mon cerveau pendant des semaines de leur musique si mélancolique. Quel autre destin pour un chroniqueur que de les faire connaître?

Après quelques recherches personnelles de leur style, Phest, originaire de Laudun dans le Gard, se lance dans ce qu'il appelle du dark metal. Je n'ai jamais trop su ce que c'était, et donc je me contenterai de vous affirmer qu'ils font une sorte de musique hybride entre l'atmo/gothic et le doom. Voyons celà de plus près: les morceaux sont pour la plupart assez longs, tantôt progressifs et aux structures classiques, tantôt totalement déstructurés et complexes. C'est donc après une intro pianisée belle à pleurer que le groupe distille sa tristesse.

Les morceaux sont le siège d'une alternance perpétuelle entre passages calmes, mélancoliques, souvent uniquement à la guitare, et passages un poil plus violents sans être rapides; une sorte de doom des plus tristes si vous saisissez la chose. Bien souvent les morceaux démarrent sur ces passages doux, et bien souvent on se laisse non seulement bercer mais on hésite à verser une larme sur ces accords superbes, c'est indéniable. Alors certes le son n'est pas vraiment à la hauteur, un peu brouillon et résonant, mais il permet quand même de distinguer tous les instruments quand ils sont présents: les guitares, la batterie, la basse, les violons et les deux voix. Masculine et féminine, mais pas cette dualité voix grasse et voix douce. Non ici les deux voix sont chantées. D'ailleurs tout ici est très bien maîtrisé: les solos comme les tapages de fûts bien variés.

Il y a tout de même des exceptions: Actu!! est un morceau très décalé, au rythme un peu hardcore mais en tout cas plus violent. L'intérêt en est un peu moindre. Caste est un des premiers morceaux dans ce style et sent un peu la linéarité. On peut aussi repérer de temps en temps quelques voix death bien senties qui rajoutent au côté sombre de l'ambiance. Ambiance marquée par quelques arrangements bien introduits et pas trop pompeux. Il reste le morceau-fleuve de 19 minutes "Les 5 Saisons" (entre parenthèses 19 mn pour un jeune groupe, c'est assez osé quand même) qui est l'exemple-même de ce que représente leur musique: un savant mélange d'agressivité pesante et de calme, le tout enrobé d'une tristesse et d'une mélancolie telle qu'on ne peut en sortir indemne. Et assez étonnamment c'est une musique qui privilégie plus le côté instrumental car dans l'ensemble de l'album, les chants ne sont pas omniprésents, mais souvent inoculés ça et là.

Un groupe local qui sait déjà faire tout celà aussi bien, je ne pensais jamais en rencontrer. Je m'étais promis d'être impartial à ce sujet pour ne pas qu'on me reproche une sorte de favoritisme, mais là je ne peux m'empêcher d'être tout chose à chaque écoute. Une sacrée surprise, je vous dis.