1982-2025, dix-septième LP de la discographie des Allemands de SODOM…
Une sacrée carrière qui toutefois stagne depuis plusieurs années, et cinq années après un fade "Genesis XIX", le line-up stabilisé toutefois est toujours gentiment attendu.

Effectivement, le temps passe et comme Tom et sa bande ne veulent pas stopper leur engagement, il va falloir continuer à évoquer SODOM avec autre chose qu’une forme de simple respect en lien avec la durée d’existence et d’exercice sur la scène Thrash mondiale. Le groupe a poursuivi son principe de se rappeler à nous encore et toujours au travers d’une série d’EP, reposant encore sur le même principe : une p’tite nouveauté (pour le prochain LP… ou non) et des remastérisations de leurs tubes de toujours, voire de leurs tueries. Car il faut rendre à César ce qui lui revient, SODOM est de cette trempe. On parle ici d’un groupe qui a enfanté des références, des monuments ("City Of God", "Napalm In The Morning", "Bombenhagel", "Blood On Your Lips", "Ausgebombt", "Nothing Count More Than Blood", "In War And Pieces", et j’en passe).

Le hic, c’est que depuis pas mal de temps, en gros à mes oreilles depuis 2010, le mojo n’est plus là : SODOM n’arrive plus à pondre ces hymnes Thrash Punk qui ont fait sa référence. Si le groupe a voulu surfer sur ce "40 Years At War" et ses remix, il fallait revenir aux affaires.

Avec "The Arsonist", le groupe semble vouloir durcir le ton…
Ce title track est d’ailleurs en guise d’ouverture un joli contre-exemple avec ce morceau instrumental, un brin orientalisant et planant. Le fameux calme avant la tempête ? Tom avait annoncé la couleur en indiquant vouloir un gros son de batterie, enregistré dans une grande pièce ouverte, et le tout sur bandes analogiques.
Le résultat n’est pas frappant, il faut l’avouer. Et ce n’est pas à ce niveau que "The Arsonist" fait parler de lui.

Non, SODOM durcit le ton en claquant des titres plus bas du front, plus secs. "Battle Of The Harvest Moon" est à ce titre bien brut de décoffrage (batterie en effet mise en avant) qui s’offre un bridge/break mid-tempo intéressant, offrant un final assez épique durant lequel Tom nous rappelle le titre du morceau avec sa voix éraillé si caractéristique, comme débordant de folie et de sadisme ! J’adore.
"Trigger Discipine" qui prend immédiatement le relais semble toute droit sortie des derniers opus de SLAYER : d’ailleurs, une fois encore, la voix d'Angelripper est vraiment proche de celle de Tom Araya sur la fin de sa carrière studio, SLAYER qui reviendra plutôt musicalement sur l’intro mid-tempo de "Twilight Void". Un peu plus tard, on pensera même à un Lemmy sur "Witchhunter".

Le gros problème des morceaux présents sur ce "The Arsonist", c’est le sentiment du riffing dans le vide. C’est assez délicat à qualifier et quantifier mais si la sincérité et l’énergie sont bien au rendez-vous, le sentiment de faire tout cela un peu dans le vide et pour peu de choses est vraiment présent. Ça gueule fort mais sans grande efficacité, ça riffe gentiment mais cela paraît trop "creux". J’en prends pour preuve "The Spirits That I Called" ou "Witchthunter" (titre composé en hommage au batteur Christian "Witchhunter" Dudek décédé en 2008) : des titres gentils mais bien trop prévisibles et répétitifs. Même constat si on accélère le rythme ("Gun Without Groom").

De façon générale, c’est le monde classique de l’intro/couplet/refrain/couplet/refrain/solo-break/couplet/refrain/… Les titres mid-tempo font preuve de moins d’inventivité encore : le répétitif "Scavenger" est lourdingue, et dès le premier extrait ("Taphephobia" et son Punk N'Roll) j’étais déjà dubitatif (mais que ce refrain est chiant !). "Sane Insanity" me plait davantage (Tom y gueule vraiment et le jeu de mots sur le titre fait mouche), tout comme "Return To God In Parts" (sans doute le titre le plus SODOM de la galette : vif, énergique et efficace) et "A.W.T.F" (titre en hommage au chanteur originel de TANK Algy Ward) avec solo bien Punk N'Roll qui est un bon moment. Je reste partagé autour de la situation de "Obliteration Of The Aeons" que j’ai beaucoup apprécié au début de mes écoutes mais ce mid-tempo est finalement trop répétitif là encore.

"The Arsonist" est un album agréable, sans plus de qualificatif. Il apparaît honnête mais ne contient aucune référence à ajouter au tableau de chasse du combo. Trop long mais moins raté que son prédécesseur, il gagne par souci de cohérence discographique sa troisième étoile, mais vraiment par bienveillance et au regard du service rendu à la nation Thrash. Vous l’aurez compris, on est encore bien loin du titre annoncé ("L’incendiaire, le Pyromane" = "The Arsonist") : c’est bateau mais gentillet.

Note réelle : un petit 3/5.

Top : "Battle Of The Harvest Moon", "A.W.T.F.", "Twilight Void", "Return To God In Parts", "Trigger Discipline", "Sane Insanity".