Pour être tout à fait transparent avec vous, si je n’avais pas encore écrit sur le dernier album en date de RIOT V (le troisième sans Mark Reale et aussi le troisième avec l’excellent vocaliste qu’est Todd Michael Hall en place depuis 2013), à savoir "Mean Streets" à la pochette très sympathique (et bien dans la tradition du groupe avec cette bande de phoques motards), c’est que le disque en question ne m’avait pas emballé plus que cela au prime abord. Depuis, moi qui suis un véritable aficionado du groupe depuis les années 80, je l’ai forcément pas mal poncé cet album et écouté un paquet de fois depuis sa sortie en mai 2024. Force est de constater qu’après moult écoutes, je trouve toujours que "Mean Streets" reste un chouia en-deçà de ses deux prédécesseurs (j’y reviens néanmoins et souvent avec plaisir), allez savoir pourquoi…

Possiblement parce que "Mean Streets", bien qu’il se situe dans la lignée de ce que RIOT V nous sort depuis quelques années ("Unleash The Fire" pour ne pas le nommer), son Power Metal puissant et mélodique affiche ici et sans aucun doute un peu moins d’expressivité que par le passé (c'était déjà un peu le cas pour "Armor Of Light" ceci dit), nous transmet indubitablement moins d’émotions aussi (par exemple, je ne retrouve pas ici de titre de la trempe d’un "Take Me Back" par exemple et qui remue un peu les tripes mine de rien – sur "Unleash The Fire" de 2014 qui avait de toute façon placé la barre très [trop ?] haute)… Pour résumer donc, le contenu de "Mean Streets" m’apparait tout simplement moins authentique et sans aucun doute un tantinet plus commun en fait, à l’image de titres très Power comme ce "Hail To The Warriors" qui bastonne d’entrée il est clair avec un style certes reconnaissable entre mille avec des avalanches de soli (merci encore à Mike Flyntz d’entretenir l’âme et la personnalité de RIOT) ou ces enchainements rythmiques pour le moins atypiques du groupe mais qui ne parviennent pas à nous émerveiller plus que cela même si l’ensemble reste qualitativement de très bonne facture et plutôt bien troussé.

Mais n’allons pas non plus dresser un tableau trop négatif, car "Mean Steets" perpétue la tradition du groupe avec fougue et brio, et contient quand même une flopée de très bons titres, que les fans se rassurent ! L’ensemble reste relativement fluide, ultra mélodique ça va de soi (écoutez donc le très rapide "Lost Dreams"), varié qui plus est, entre titres plutôt Power donc (le rapide "No More", le turbulent "Mortal Eyes" que je trouve malheureusement un chouïa poussif), Heavy à souhait aussi comme ce "Long Beyond The Grave" un poil plus sombre, aux guitares bien mises en avant et agrémenté de chœurs pour le moins imposants (effet garanti !), et titres un poil plus légers (les très mélodiques "Before This Time" et "Open Road" assez européen dans l’esprit celui-ci) et plus Hard Rock comme ce "Lean Into It" de feu - putain ces soli quand même !- (limite Heavy quand même) qui nous ramène avec beaucoup de nostalgie au début des années 80 du groupe américain (époque "Narita").

Et si "Feel The Fire" entretient aussi cette fibre justement plus Hard Rock – et accessoirement la flamme - (son introduction pourra rappeler le "Grinder" de JUDAS PRIEST), efficace et imparable au final avec cette rythmique soutenue et pour le moins solide avec la basse de Don Van Stavern qui se fait entendre comme rarement (pour information, ce single a fait l’objet d’un clip vidéo tourné dans le New Jersey par le réalisateur Tom Flynn, il met également en vedette le mannequin Liv Walsh et c’est un vrai régal pour les yeux), RIOT n’hésite pas non plus à caresser le passé (on l’a déjà vu plus haut avec "Lean Into It") et d’autres époques avec des titres plus enlevés et plus caractéristiques comme ce très bon "Mean Streets" et sa rythmique très 'RIOT' dans l’esprit (époque "Thundersteel"), ce Heavy Speed "High Moon" (ici les réminiscences avec l’époque de "Thundersteel" / "The Privilege Of Power" sont bien évidemment plus que palpables), composition écrite par Don Van Stavern en pensant à Mark Reale fan de Far West et qui avait lui-même écrit quelques titres sur le sujet ("Gunfighter" sur "Born In America", "Restless Breed") ou au très rapide "Higher" qui lui aussi met en avant bien des gimmicks d’un RIOT pour le moins véloce et dynamique.

Car s’il y a bien une chose qu’on ne peut enlever à RIOT V (au line-up inchangé depuis 2014) c’est qu’il en a encore sous la pédale, incontestablement, et qu’il ne faiblit pas le moins du monde à en écouter ce type de compositions. L’ensemble est toujours aussi limpide, entre les mélodies très efficientes et prononcées ("Mean Streets", "Lost Dreams"), parfois agressif ("Mortal Eyes"), et dynamique pour sûr avec des rythmiques très enlevées pour la majorité et soli si caractéristiques de la paire Mike Flyntz/Nick Lee toujours aussi agile et qui mine de rien envoie quand même du lourd. Sans oublier le formidable Todd Michael Hall qui ne perd rien de sa puissance vocale et qui dans la tradition d’un Tony Moore, faut-il encore le rappeler, se fond particulièrement bien et définitivement dans le 'décorum' RIOT avec son chant aigu et haut perché. "Mean Streets", dix-septième album du groupe se révèle donc au fil des écoutes et même si je maintiens qu’il reste en-deçà de "Unleash The Fire" et de "Armor Of Light", il demeure un très bon disque de la formation américaine, supérieur notamment à bien des albums sortis dans la seconde moitié des années 90 pourtant sous l’ère Mark Reale (au hasard "Sons Of Society") et nous rappelle à notre bon souvenir quelques belles époques du groupe. "Mean Streets" ? Sans doute pas un incontournable du groupe mais un disque très recommandable malgré tout !

Note : 3,5/5 arrondi à 4/5.

Morceaux préférés : "Feel The Fire", "High Moon", "Lost Dreams", "Love Beyond The Grave".