"Whop wouop wouop ! Attendez ! Holala, vous allez où comme ça ?"

Ouiiiiiiiii, 2024 s'achève, et nous ne manquerons pas de lui mettre quelques bons coups de pelle supplémentaires et biens tassés au moment de lui rendre hommage dans nos tops-albums en devenir (on y est, là, vous pouvez boucler le vôtre), mais à ce moment très précis où l'on tend à braquer les projecteurs sur nos favoris passés, accordez-nous quand même quelques minutes, là, juste pour au moins vous parler de TYPHONIAN. Car en ressassant la bonne brasse de skeuds parus en cette faste année, nous ne pouvions décidément guère passer sous silence cette bestiole de Death Metal.

Excellente petite surprise de dernier trimestre, "The Gate Of The Veiled Beyond" paru chez Transcending Obscurity Records (abonné aux pourvoyeurs de seconds couteaux (*)), nous a finalement accompagné un bon moment et ce dès ses premiers sardoniques échos, pour ne finalement jamais vraiment nous lâcher sur ces quelques derniers mois : c'est un signe. Et en Allemagne, ha, ça, on les aime, les signes ; bien placés, ça fait fureur !

Et c'est le moins que l'on puisse dire de la musique des cultistes Allemands : leur ire est implacable, leur courroux colossal. Adorateurs de leur propre et décadente cosmogonie les gonzes ne sont clairement pas là pour se faire suer l'oignon et ils savent le prouver, gaule au plancher. Sans dire qu'elle bouffe à tous les râteliers, notre entité affiche tout de même un bel appétit au moment de digérer ses influences et, quitte à faire, de nous les régurgiter là en un boulimique et infâme résidu de court-bouillon. Ça riffe, ça ripaille, ça gicle, ça cisaille, avec nombre d'appels de pied tant insistants que plaisants à quelques croustillants hors-d'œuvres de gloire du Death Metal suédois des 90 ("Primal Deceptive Light", "Crimson Rivers").

Car c'est en partie ça, leur truc à eux (décidément une tendance de notre époque mais qui nous plait particulièrement ici), de savoir ainsi faire du vieux avec du neuf. Il ne faudra en effet ni chercher bien loin ni bien longtemps pour déceler ici quelques véhémentes et outrageuses incantations dédiées aux cultes d'EDGE OF SANITY (quelques inattendues progressions de morceaux comme sur "The Gatekeeper"), là l'écrasante vélocité d'un DISMEMBER ("Primal Deceptive Light", "Towards The Chamber Of The Omnipresent Mind"), voire à ceux de leurs dégénérés cousins du Sud (les Finlandais, quoi) via quelques mélodies obsédantes (au hasard, les leads de "Cosmic Throne" ou les soli de "Towards The Chamber Of The Omnipresent Mind" qui ne manqueront de venir vous démanger l'intérieur du crâne). La pochette, décidément old-school, pour une musique qui ne saurait se limiter à cela, participe également à l'envie de se faire happer par l'appétit psychique de la Bête.

Voilà pour ce terreau très fertile à toutes ces exactions, mais attendez, attendez ! La versatilité globale du bousin est telle qu'il ne faudrait surtout pas l'imaginer hésiter une seule seconde au moment d'explorer d'autres manières de tout détruire en beauté, par exemple, via l'incorporation de quelques digressions plus blackouilles, qui modernisent par là-même le fond de son propos qui évoquera plus d'une fois les atmosphères viciées d'un SULPHUR AEON ("ia, ia !!") son gros ancien de compère désormais établi et faisant référence en termes de massacres Death Metal mid-tempi et évocateurs ("The Gatekeeper" lourd et épique as feuk, le final aérien toutes guitares dehors de "Towards The Chamber Of The Omnipresent Mind" et hanté d'un chant chaotique et habité, ou au contraire le chant clair téméraire affiché sur ce majestueux "Cath'un - The Gate Of The Veiled Beyond" de clôture).

Nous le disons, au gré des compositions, les ambiances se plaisent à abattre le chaud et le froid, retrouvant TYPHONIAN à se complaire en de sordides et clapotants bains de vase, baignés d'ambiances malaisantes tapies sous une luxuriante végétation, d'où émergent d'arborescents patterns de batterie couplés, encore, à ce riffing glauque mais toujours droit dans ses notes ("A Glimpse At The Starless Ocean")… ou au contraire le surprenant, immense et absolu, à voguer quelque part en apesanteur, cherchant à dévorer des mondes entiers en de reculés cosmos (globalement le topo de la fantastique pièce finale de plus de dix-neuf minutes (quitte à faire dans la démesure, hein) qui saura plus d'une fois vous attraper en pleine ascension émotionnelle pour mieux vous pulvériser contre terre, bercée qu'elle est d'obscures et entêtantes mélodies et de passages complètement atmosphériques aux claviers, nous en avons encore des frissons).

TYPHONIAN, dès ce second LP, c'est donc toute cette passion pour de raffinées et latentes apocalypses mises en musiques de fort belle manière. Alors que les précédentes itérations studios du groupe ("Beneath The Streams Of Life" en 2018 et un EP il y a trois ans) demeuraient plutôt lambda, ou en tout n'avaient jamais su lui insuffler la force nécessaire à s'extraire de la masse grouillante et bouillonnante de ses congénères, voici que sa chrysalide à volé en éclats et que son sillage de destructions à venir semble déjà tout tracé.

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(*) Mais attention à ce rooster qui commence à sérieusement s'étoffer (OFFICIUM TRISTE, PAGANIZER, ETERNAL STORM, VORGA) sans mentionner quelques coups de génie que l'on n'espère pas seulement passagers (ORPHALIS, SERPENT OF OLD, ARCHE, HEADS FOR THE DEAD, ABSCESSION).