Ils me fatiguent ces Japonais, vous n’imaginez même pas. Alors que je remarquais qu’un nouvel album de GALNERYUS était attendu en cette année 2024, je consultais NIME pour me rappeler où j’en étais de cette discographie pas encore complétée, me satisfaisant d’avoir pu tenir le rythme de sortie des derniers albums et d’avoir rattrapé le chef d’œuvre "Angel Of Salvation" que Rock Hard a récemment, et à juste titre, inclus à sa Metalthèque consacrée au Japon. Et là que vois-je en comparant sur Metal Archives ? Non seulement le groupe m’a distancé, mais avant "The Stars Will Light The Way", Syu et ses sbires ont sorti non pas un mais DEUX albums supplémentaires !!!

Direction donc 2021 et la mise au monde d’un projet spécial. Tout du moins c’est comme ça que le groupe l'a vendu. Et au premier abord, le minimalisme de la pochette n’est pas sans rappeler "Into The Purgatory". On a changé de batteur, Fumiya a rejoint UNLUCKY MORPHEUS, et on récupère Lea (oui c’est un garçon, ara-ara !). Pour le reste on retrouve toujours la même équipe de foldingues menée par l’impressionnant Sho qui va encore se surpasser ici ("Flames Of Rage" est stratosphérique).

Qu’est ce qu’il a de spécial ce disque ? Quand on le regarde on se dit que c’est un EP déguisé, dopé avec deux réenregistrements de titres vieux comme Hérode ("Advance To The Fall" - 2005 pour le premier, "One For All – All For One" - 2007, pour le second). Mais un coup d’œil à la durée des titres vient nous donner des sueurs froides : "Union Gives Strength" est composé de six titres originaux, dont quatre dépassent les sept minutes, les deux premiers comptabilisant quasi vingt minutes à eux seuls. Quand on connaît le sens virtuose et la démesure de Yuhki, on se dit que ça va pas être triste…

"The Howling Darkness" prolonge bien le discours plus sombre de l’album précédent, et prend par ses atours progressifs l’auditeur en otage, le tempo le gardant en haleine tout du long ; bon sang que le sens mélodique de ces Japonais est épatant. En utilisant des codes et une esthétique fortement européens, GALNERYUS sonne pourtant tellement japonais par son sens débridé et jusqu’au-boutiste du discours mélodique et son exploitation débridée de la virtuosité. Et si ce titre vous fait d’ores et déjà dire que le groupe est toujours aussi fort, vous n’êtes pas prêts pour "Flames Of Rage", qui avec le faussement plus classique "Whatever It Takes (Raise Your Hands!)" constituent les deux déflagrations majeures du disque, dont "Hold On" peine à s’extraire, rattrapé par un plus classique mais très efficace "Bleeding Sanity", parangon du Power Metal à la GALNERYUS.

Ces Japonais sont juste trop forts, n’hésitant pas quand ils se la jouent Prog, de s'amuser avec les ruptures, usant d’une brutalité dans le domaine peu commune pour une formation estampillée Power Metal, portée par des passages instrumentaux échevelés (cette longue cadence dans "See The Light Of Freedom" en unisson guitare/clavier qui se termine en subtile harmonisation avant de nous ramener le riff principal), et encore une fois un Masatoshi Ono impérial sur lequel l’âge ne semble avoir aucune prise. Sa performance sur ce nouvel opus 2021 laisse pantois, et je le répète, à cet égard "Flames Of Rage" est une masterclass.

Les deux réenregistrements nous font presque trop dans un certain sens, car tout en restant très fidèles, ils perdent un petit quelque chose de leurs aînés, le piano mieux traité pour "Deep Affection" et surtout le chant de Yama-B sur "Everlasting" vraiment pas évident à concurrencer. Il n’empêche que s’imposer une telle cadence et réussir à rester pertinent et divertissant n’est clairement pas donné à tout le monde, quand bien même si on prend le temps (et y en a pas beaucoup entre deux notes d’un solo) on observe que Syu a développé certains maniérismes qu’il ressort parfois (les octaves brisées descendantes notamment). "Union Gives Strength" n’est pas engageant par sa pochette, mais son contenu lui l’est carrément !!!